"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
mars 22, 2023
En pleine guerre de Kippour, Henry Kissinger eût cette délicieuse formule : « Let the boys play a while »« Laissez les garçons jouer un peu ».
John Kerry, «vers l’Orient compliqué s’envole avec des idées simples ».
À ce stade, le Général de Gaulle n’étant plus de ce monde et ne pouvant donc continuer cet article, nous le reprenons personnellement.
Pour autant nous ne partageons ni ses conceptions en cette affaire ni hélas sa plume majestueuse.
Patrick Wasjman écrivit, il y a bientôt 30 ans, dans les colonnes du Figaro «Au Moyen-Orient Dieu a besoin des hommes ». L’histoire ayant déroulé les événements -hélas trop prévisibles, d’aucuns se poseront la question de savoir si Dieu a su les conduire en son arroi. De deux choses l’une: ou Dieu s’est montré trop confiant en la nature humaine, ou Dieu en son omniprésence a précisément empêché les hommes de s’entendre.
Osons une pensée qui nous mettra tout le monde à dos, et renversons la célèbre formule de Patrick Wasjman : Au Moyen-Orient les hommes ont besoin de pratiquement tout sauf de Dieu. L’Oncle Sam ferait bien de s’en souvenir!
Que le lecteur veuille bien nous pardonner, mais n’est-ce pas Nietzsche qui affirmait vouloir déconstruire les idoles. Il n’est pas dans notre intention de dire ce qui est bien ou mal, juste ou injuste. Au reste cela ne présente aucun intérêt. Il n’est pas question non plus ici de tracer les contours d’une future paix.
Kissinger a d’ailleurs écrit il y a quelques années que le conflit du Moyen-Orient était le seul conflit où l’on connaissait 90 % de la solution.
La seule question qui vaille est la suivante: Monsieur John Kerry- lointain successeur de Henry Kissinger- a-t-il des chances raisonnables de mener les deux parties à un compromis ou à un début d’entente d’ici neuf mois?
Abba Ebban ancien ministre des affaires étrangères d’Israël disait fort justement: «Les Arabes n’ont jamais raté une occasion de rater la paix ».
Il pourrait reprendre cette fois-ci sa formule d’autant plus facilement que son champ d’application en serait plus large.
Là est la question ultime, qui doit répondre à son tour, à toute une théorie de conditions.
Surgit immédiatement après une autre question rémanente. Y a-t-il de part et d’autre une vraie volition (au-delà du wishful thinking) de paix avec son corollaire du prix à payer.
Reprenons le titre si juste et si évocateur d’André Fontaine qui demeure à ce jour un des meilleurs spécialistes de la guerre froide « Un seul lit pour deux rêves » et suggérons à Monsieur John Kerry de le remplacer avantageusement par «deux lits pour un même rêve ».
Tâche ardue-s’ il en est- comme le rappelle Gérard Chaliand « Nous ne vivions pas les mêmes rêves dans la cage de nos espérances ».1
Si nous avons choisi comme référence le « Cher Henry » c’est parce que le Cher Henry est celui qui a engrangé le plus de succès grâce à sa « shuttle diplomacy ». L’histoire dira si John Kerry se révèlera digne émule ou pâle copie.
Voici donc la feuille de route que nous proposons au Secrétaire d’Etat.
Tout règlement de paix suppose une certaine « légitimité ». Mais par légitimité nous entendons «… Une stabilité fondée sur l’équilibre des forces a du moins pu être concevable… Cette stabilité, par conséquent, a en général résulté non pas d’une recherche de la paix, mais d’une légitimité reconnue comme telle par tous… »
«Dans le sens que nous lui donnons ici, «légitimité» n’est pas synonyme de justice. Il s’agit uniquement d’un consensus international portant sur la définition d’accords fonctionnels, et aussi sur les règles du jeu diplomatique, qu’il s’agisse des moyens ou des fins. Ceci implique que l’ensemble des puissances acceptent les structures internationales existantes. Aucune, du moins, ne doit arriver à un point de mécontentement pareil à celui de l’Allemagne d’après le traité de Versailles, et traduire sa rancune par une politique étrangère révolutionnaire.
S’il n’exclut pas l’éventualité d’un conflit, un ordre reconnu légitime en limite l’ampleur ».
Et Kissinger de conclure «éclate la guerre (et la puissance d’analyse de Dear Henry), elle sera menée au nom des structures existantes et la paix qui suivra sera saluée comme une formulation meilleure du consensus général sur la légitimité » Henry Kissinger 2
Que le lecteur veuille bien nous excuser de la longueur et de l’usage intensif des citations mais les outils conceptuels développés par Henry Kissinger, analysant lui-même la politique de Metternich, demeurent encore à ce jour indispensables pour comprendre les relations internationales et la diminution des tensions sinon leur élimination.
L’on se rappellera en outre la définition subtilement perlée de Kissinger en matière de diplomatie. « La différence entre un homme d’État et un diplomate est que le dernier pense que tous les conflits peuvent être résolus alors que le premier sait qu’il y a des conflits dont on ne voit pas la résolution».3
«… Seule une sécurité absolue a valeur, à leurs yeux, de garantie suffisante, ce qui implique la neutralisation de l’adversaire. Ainsi donc, la sécurité absolue à laquelle aspire une puissance se solde par l’insécurité absolue pour toutes les autres… »4 Henry Kissinger
Gageons que sa puissance conceptuelle ne fera bondir d’enthousiasme ni les Israéliens ni les Palestiniens.
Nous allons essayer d’esquisser les raisons qui encalminent la mission de John Kerry non pas pour pointer l’amateurisme de la deuxième administration Obama mais plutôt pour permettre, en toute humilité, à John Kerry de mieux utiliser les atouts dont il pourrait user.
En cette occurrence nous distinguerons les blocages vus de Ramallah, de Jérusalem, puis ceux de Washington.
L’on ne voit pas que les parties soient prêtes à un aggiornamento! Passer d’un état à un autre s’appelle en chimie la sublimation. En l’état actuel les apprentis alchimistes se font rares dans la région!
L’impasse palestinienne.
D’aucuns arguent du double langage de Monsieur Mahmoud Abbas! Certes et cela est vrai. Contentons-nous à ce stade de rappeler qu’au plus fort de la détente le camarade (lequel n’est en rien notre camarade) Léonid Illitch Brejnev usait lui aussi d’un double langage envers Tricky Dicky, plus connu sous le nom de Richard Nixon.
Rappelons les propos si justes du géopolitologue Frédéric Encel :« …Ecoutez bien cette phrase : ce n’est pas le degré de haine, ni le fanatisme des voisins (d’Israël) qui va nécessairement engager leur propension à attaquer (Israël)… Ce n’est pas parce que Morsi n’aime pas les juifs qu’il va nécessairement attaquer Israël… » Frédéric Encel 5
Les faucons israéliens devraient méditer cette phrase. Les palestiniens devraient penser à gommer leur rhétorique.
Vu du côté palestinien, l’indépendance énergétique d’Israël représente pour Kerry une opportunité. Il lui sera facile de montrer aux palestiniens qu’à force d’ajouter et d’empiler prétextes et points de friction sans autre raison que de vouloir faire monter enchères et revendications, ils se dirigent vers une situation où Israël sera en mesure de payer un prix acceptable au statu quo.
A la croisée des chemins Monsieur Mahmoud Abbas devra aussi porter sa croix. Vouloir imposer de nouvelles conditions surgies tel un diablotin d’une caverne d’Ali Baba à la dernière minute, continuer à croire que victimisation suggérée tient lieu de légitimité ne peut qu’apporter de douloureux réveils.
Croire et faire accroire à son opinion qu’il n’est point nécessaire de procéder à un «Aufklärung » constitue une véritable aporie du raisonnement. Si l’histoire ne se répète pas toujours elle porte par contre fort longtemps ses stigmates. A cette aune Mahmoud Abbas se devra d’effacer la monumentale erreur de son prédécesseur lors des accords Clinton à Tabah.
Brandir plus que de raison une unité imaginaire avec le Hamas ne peut que provoquer –à juste titre- l’ire israelienne. L’on ne voit guère pourquoi et comment les israéliens puissent accepter un tel diktat.
Sous peine d’endosser la responsabilité d’un échec de ces pourparlers, Mahmoud Abbas devra se révéler le Ben Gourion palestinien!
Il n’est pas sûr que Mahmoud Abbas puisse réfréner les relations, à tout le moins acides, entre Israël et le Hamas. Il n’est pas sûr non plus que les relations tumultueuses entre ce dernier et Mahmoud Abbas lui permettent de négocier sereinement sans avoir peur d’être débordé.
Il n’est pas sûr, bien évidemment, que si Israël venait à baisser la garde le niveau de revendications voire des actions palestiniennes ne s’élèverait point.
Il est tout sauf sûr que les deux protagonistes intègrent ces éléments psychologiques.
Et il faudrait davantage d’éléments nouveaux et de pressions pour que le cerveau inventif de Monsieur Kerry puisse arriver à quelque chose.
A cet égard ce n’est point tant un double langage, somme toute fort classique dans tout conflit et dans toute negociation, qui pose problème.
En l’occurrence, ce qui pose problème c’est un de fusil à deux coups. Tant que le Hamas demeure une munition, virtuelle ou pas Abbas ne peut espérer briser définitivement la méfiance israélienne!
De la même façon qu’il faut savoir aux échecs sacrifier le gambit du Roi Abbas doit pratiquer le gambit du Hamas !
Vu du côté palestinien Mahmoud Abbas aurait tort de croire que son admission mal ficelée en tant qu’observateur à l’ONU, constituera un levier suffisant.
Tant qu’il s’arc-boutera lui aussi sur des considérations idéologiques qui n’apportent rien en termes de sécurité ou de création d’un État, il ne fera que reculer les nécessaires compromis.
A cette aune le préalable des réfugiés est l’exacte symétrie du gel des colonies.
En bonne logique l’on ne peut en demander leur gel et réclamer le retour des réfugiés, véritable bombe à retardement. Quand bien même y renoncerait-il de façon officieuse sa demande reste pendante.
Au reste John Kerry aura beau jeu de lui démontrer rationnellement que les réfugiés, loin de fortifier un État qui en aura grandement besoin, ne pourront que l’affaiblir en allant faire fructifier ailleurs leurs talents.
L’on ne peut à la fois revendiquer– à juste titre- un État pour ses nationaux et vouloir peupler et coloniser un État voisin.
Un peu de cohérence ne messied point !
Vouloir camper sur de telles positions est au mieux contre-productif. Réclamer un droit de retour des réfugiés ne peut- au pire- qu’encourager Israël à se fermer, à juste titre, sur toute idée de négociation sérieuse.
John Kerry devra impérativement – sous peine d’échec des pourparlers – convaincre Mahmoud Abbas de renoncer officiellement à cette position.
L’impasse israélienne
«Vous n’êtes pas seuls »
Ayant visité et payé son tribut au show médiatique, ayant dit aux Israéliens «atem lo levad, vous n’êtes pas seuls » que l’on nous permette de citer à nouveau Frédéric Encel commentant de façon toujours aussi percutante la géopolitique de la région. « Il eût été plus judicieux d’offrir à Israël des garanties solides, c’est-à-dire de nouvelles armes en échange de pression sur les deux partenaires ».
«… Ces dernières années l’absence de vision stratégique d’un leadership israélien médiocre n’a pas permis d’aboutir à des avancées notoires. Or, sans l’obtention de fruits substantiels, palpables par les Palestiniens de Jordanie, comment le Chef de l’exécutif israélien pourrait-il confondre le jusqu’au-boutisme inconséquent du Hamas? Sans résultats concrets en matière de souveraineté comment convaincre les Palestiniens qu’en préférant la négociation à la guerre on obtient plus et mieux… Frédéric Encel 6
L’homme parle d’or; il avait prévu l’avènement des «printemps arabes » et les conditions de leur chute provisoire.
Comme toute démocratie, et l’on sait à quel point elles sont nombreuses au Moyen-Orient, Israël doit tenir compte de son opinion publique. Or il se trouve que l’on oscille de façon à peu près égale en un intervalle de 55/ 45 quant au prix à payer.
Benjamin Netanyahou a été mal réélu. Premier Ministre à l’assise électorale faible il lui sera extrêmement difficile de vouloir oser.
Ceci ne favorise pas une prise de décision précise et stable dans un sens ou dans l’autre. En outre chaque fois qu’un leader israélien a voulu briser ce cercle tout sauf vertueux, Rabin, Barak, Sharon, ou Olmert, il a été fauché tantôt par un extrémiste israélien, tantôt par un leader palestinien qui fondamentalement ne voulait pas la paix, tantôt par un coma tantôt par des élections.
Il est d’autres raisons qui rendent cette mission à tout le moins hasardeuse. Traditionnellement un mandat finissant, tout en affaiblissant le Président des États-Unis lui donne une plus grande liberté d’action en matière de politique étrangère car débarrassé des contraintes d’une réélection.
Et tout aussi traditionnellement les Israéliens – remarquables experts de la vie électorale américaine- ne débordent pas – à de rares exceptions près – d’enthousiasme pour les seconds mandats.
Que l’on permette à l’auteur de ces lignes de faire sienne cette citation de Gérard Chaliand, fin connaisseur des guérillas et du terrorisme. « Laissez-moi vous assurer qu’il n’y a rien de plus tournée vers soi-même qu’une démocratie en guerre. Très vite elle devient victime de sa propre propagande. Elle tend à attribuer à sa cause une valeur morale qui déforme sa vision des choses. Son ennemi devient l’incarnation du mal tandis que son propre camp est le modèle de toutes les vertus… » Gérard Chaliand.
Le dialogue des carmélites.
En la matière il n’aura pas échappé à l’observateur qu’il n’y a peut-être plus d’interlocuteur – en tout cas pour le moment – face à Israël. Mais il n’aura pas échappé mêmement à l’interlocuteur un tant soit peu attentif que si le Hamas s’est complu à saper l’autorité de Mahmoud Abbas, ils ne sont pas les seuls.
L’on regrettera Ehud Olmert qui en ce sens a été un parfait successeur d’Ariel Sharon.Il a su discerner un leader et en faire un interlocuteur incontournable.
Ehud Olmert, comme Begin, Rabin, Barak ou Sharon a su oser et être visionnaire.
Son ADN politique- à l’instar du couple Adenauer De Gaulle- est d’avoir forgé des relations privilégiées empreintes de confiance avec Mahmoud Abbas. Or Benjamin Netanyahou «regnante» le gouvernement israélien a cru bon d’user d’une autre diplomatie ! De quelque façon que l’on analyse, Netanyahou a une politique beaucoup trop souple vis-à-vis du Hamas et beaucoup trop inflexible vis-à-vis de Mahmoud Abbas.
Affirmer ensuite qu’il est impossible de négocier avec les Palestiniens car il n’y a pas d’interlocuteur, nous semble dès lors facile et réducteur.
Au trébuchet de l’Histoire Netanyahou avait une occasion unique de chausser les bottes de Menahem Begin oui ou Barak, il n’a su qu’enfiler les chaussons étriqués de Shamir. On se rappellera cet égard les instructions données par ce dernier à Netanyahou lors de la conférence de Madrid. L’analyse stratégique subtile d’un Sharon, cède le pas chez lui à l’imprescriptible assurance de l’idéologie ; celle-ci en est son viatique.
Le pétrole ou de grandes espérances !
La découverte heureuse du pétrole induit toute une série d’effets tantôt positifs tantôt négatifs. Le premier effet positif est d’apporter une sécurité à l’État d’Israël. Or en la matière autant les questions relevant de l’idéologie nous semblent parfaitement secondaires autant les questions de sécurité sont ontologiques pour Israël.
Il est non seulement du droit mais du devoir d’Israël de résister aux demandes sécuritaires. À cette aune rappelons ce que disait le Prince de Bénévent plus connu sous le nom de Talleyrand: «Il pourra être cédé ce qui est d’un intérêt moindre pour obtenir ce qui est d’un intérêt supérieur ». L’indépendance énergétique n’est pas tout mais elle permettra aux Israéliens
– de résister à certaines pressions
-de consacrer les sommes nécessaires au budget de la défense.
-Mais surtout grâce à cette manne tombée, non pas du ciel mais jaillissant du fond des océans, Israël pourra en redistribuer une partie à sa population à une partie de sa population qui n’en peut mais.
Pour autant ces gisements risquent d’endormir le tragique. Or quoiqu’on dise évacuer le tragique anesthésie la nécessité de trouver une solution.
Ingérence US à contretemps car vue du côté israélien la donne actuelle avec l’afflux de la manne pétrolière, mais surtout comme le signale si justement Frédéric Encel, le taux de fécondité des Palestiniens et des Arabes (hors Égypte) se rapproche très sensiblement du taux de fécondité israélien.
Si tant est que l’on négocie toujours sous la contrainte et la pression le danger que la population juive aille diminuendo en Israël s’amenuise.
Or ce danger fondait principalement la position des «réalistes» en Israël qui privilégient le possible, le compromis aux colonies.
Monsieur Kerry pourrait à notre sens rappelait utilement aux deux parties ce qu’écrivit Raymond Aron, orfèvre en la matière. « Plus l’Occident est décidé à faire front et accepter les périls et le prix de la résistance plus il importe de ne pas perdre le sens du possible, de mesurer la valeur des diverses positions, de ne pas mettre au premier rang le prestige et l’idéologie». Raymond Aron 7
Sans sécurité pour Israël, la paix ne peut pas même se concevoir. Certes mais il n’en reste pas moins que la notion de sécurité maximale pour un pays entraîne ipso facto l’insécurité pour la partie adverse.
Amuser la croisière …
Il est une autre prévention israélienne de taille à savoir ; les manuels scolaires palestiniens et les discours à usage interne restent imprégnés de haine. Certes cela est vrai, et nous serions tentés de répliquer: So what!
À de très rares exceptions près, cela a toujours constitué la syntaxe des conflits! Les amphigouris avaient pour mission d’amuser la croisière !
Lénine n’aura été ni le premier ni le dernier en cette grammaire! Que Monsieur Kerry veuille bien rappeler aux Israéliens ce qu’André Fontaine rapporte d’un article de The Economist du 23 juin 73.
«…De toutes les explications de la politique soviétique celle qui repose sur l’hypothèse de la fin de la guerre froide est la moins satisfaisante.… Selon lui, si le numéro un soviétique avait admis que les «faiblesses» de son pays appelaient plusieurs années d’assistance de l’Ouest, il avait compris aussi que les «faiblesses» occidentales qui sont d’un autre ordre lui donnaient une chance, après avoir reçu cette assistance, de retourner une nouvelle fois l’équilibre des forces au bénéfice de la Russie». 8
Eh bien soit! Il est des moments dans l’histoire, où tout bien considéré, les calculs cyniques et les arrière-pensées, comme aimait à le dire Machiavel, permettent de conclure des accords.
De la même façon vu de Palestine, s’accrocher à la demande de reconnaissance du caractère juif de l’État d’Israël est vécu à juste titre comme une provocation. Jusqu’à plus ample informé les relations internationales connaissent des Etats. Leur caractère relève de leur seule décision et de leur seule souveraineté!
Au reste l’on a beau chercher on ne voit pas ce que cette demande surgie tardivement dans le conflit-mais récemment dans l’imagination débridée de Netanyahou améliore la sécurité d’Israël .Ce n’est pas le caractère- juif ou pas- de l’Etat d’Israël qui empêchera ou non le retour de réfugies dont la quasi-totalité n’a probablement pas connu la guerre de 66.
Ce qui empêchera le retour relève du simple bon sens: un accord mécontentant de façon égale les deux protagonistes et surtout un rapport de forces.
Le reste relève des satisfactions de l’égo !
Pour autant l’histoire n’aurait rien d’inédit. Que le lecteur veuille bien nous autoriser à citer Fukuyama en cette affaire. « …de la propension à investir le moi d’une certaine valeur et exiger la reconnaissance de cette valeur correspond à ce que le langage courant appellerait l’estime de soi, cette propension à l’estime de soi nait de cette partie de l’être que Platon appelait Thymos… » 19
Israël nouvelle puissance pétrolière aurait tort cependant de croire que cette situation peut perdurer.
D’abord comme le remarque Dominique Moisi, lorsque la moitié du monde ne saura même pas ce qu’est le monothéisme sa position sera plus faible. Nous rappellerions -bien volontiers à Benjamin Netanyahou – ce que Kissinger écrivit : «L’empire autrichien est toujours aussi immuable, mais cette fois-ci, l’histoire s’apprête à le dépasser ». 11
Il est un autre élément qui rend la démarche de Monsieur Kerry encore plus complexe.
Le « Cher Henry » avait une remarquable prescience du moment opportun, du tragique et surtout du couple danger/ opportunité.
Il ne semble pas que ce soit le cas du Secrétaire d’Etat américain.
A succédé à une période d’intense et dramatique conflit une période où le tragique a été évacué.
Entendons-nous, loin de nous l’idée de le regretter. Il n’empêche un État où la violence n’atteint pas les sommets qu’il a précédemment endurés se prête plus difficilement à des compromis.
L’impasse vue de Washington
Monsieur Obama n’ayez pas peur
«Les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l’occasion, mais jamais à celui qui la manque ». Talleyrand
On se remémorera avec intérêt les accords de Wye Plantation et d’Annapolis. Mais surtout l’idée centrale de confier à la CIA et Georges Tenet «regnante» le monitoring de leur exécution qui constituait une avancée majeure.
À l’époque tant les Palestiniens que les Israéliens n’ont pas su ou pas pu synchroniser leurs volontés qui ne se sont jamais rencontrées. A Annapolis George Bush a préféré rentrer dans l’Histoire plutôt que de se colleter à l’Histoire.
Pour avoir fait semblant d’ignorer que la fin des hostilités ne signifiait pas tant s’en faut la fin de l’hostilité les trois parties ont alors raté leurs épousailles d’avec l’Histoire.
Croire qu’un accord, en l’état actuel, pourra intervenir sans pressions américaines sur les deux parties nous semble illusoire. Et cela nous semble d’autant plus illusoire que l’on relira avec intérêt le Cher Henry. «… Lorsqu’une occasion inespérée s’offre à être saisie, les individus timorés réagissent plus volontiers en tremblant qu’en osant… Les règles de la diplomatie de chancellerie qui veulent que l’on négocie le plus âprement à l’heure du plus grand danger,… Le propre de la médiocrité est de préférer un avantage tangible au bénéfice intangible que représente une meilleure posture… »5
Le lecteur intéressé lira ou relira avec profit son maître livre. Sans nier la dimension religieuse du conflit, sans nier les implications du terrorisme, sans nier les haines sous-jacentes, mais à cette aune les rivalités entre chiites et sunnites dont les spasmes n’ont pas fini d’ébouillanter la géopolitique de la région, nous semblent au moins aussi fortes qu’entre Arabes et Israéliens.
A Troie Helene ne fût qu’un charmant prétexte !
L’on aurait tort, pour autant, d’occulter les fondamentaux classiques de tout conflit. Hélène ne fût qu’un joli prétexte à la guerre de Troie !
Loin de nous l’idée de croire que ces pourparlers préliminaires n’ont pas leur utilité. Mais que Monsieur Kerry veuille bien garder en mémoire que des pourparlers mal structurés, peuvent tout au contraire cristalliser une situation et affaiblir les éléments modérés dans chaque camp !
Souhaitons bon courage à Madame Tzipi Livni et à Monsieur Mahmoud Abbas!
Monsieur Kerry, rébus sic stantibus, il vous faudra forcer votre rôle. On ne voit pas en vertu de quelle logique ce qui n’a point fonctionné alors fonctionnerait aujourd’hui. À tout hasard nous nous permettons de rappeler à John Kerry ce que le mot pression signifie.
Ainsi s’adressa Maxwell Taylor au Général vietnamien Khan qui n’en pouvait mais. «… Comprenez-vous l’anglais… Je vous ai expliqué à tous que nous autres américains en avions assez des coups d’état. Apparemment j’ai gaspillé ma salive… Nous ne pourrons pas vous soutenir indéfiniment si vous agissez ainsi… »
Ô tempora Ô mores! Certes ni les Arabes, ni les Israéliens ne ressemblent aux Sud-Vietnamiens.
A cette aune le tandem Obama- Kerry n’est qu’un lointain cousin de l’équipage Nixon-Kissinger. On le voit le rôle d’arbitre auquel aspire la diplomatie US ne s’inspire pas de l’idée que s’en faisait le général De Gaulle. Bayeux n’est pas à Washington en cette affaire !
Mais il nous semble, même s’il serait abusif, voire rapide de qualifier Obama de Président finissant, que son second mandat ne lui laissera guère d’occasions de se plonger dans le chaudron du Moyen-Orient.
Le «rebalance» asiatique accapare fort heureusement la diplomatie US.
En outre pour reprendre son expression inspirée ou suivie par Richard Haas «la politique étrangère américaine commence à la maison »8
Les challenges sont nombreux et variés à souhait.
Un congrès où certes les démocrates sont encore majoritaires au Sénat, mais à la Chambre des Représentants 242 élus républicains sur 435 ne semblent pas prompts à vouloir jouer avec Éric Cantor les William Fulbright.
Ayant posé ce postulat nous nous permettons de renvoyer les trois protagonistes aux vertus des imperfections finales de tout règlement.
Pour vaincre l’immobilisme qui taraude les parties nous nous permettons de conseiller, humblement, à Monsieur Kerry d’augmenter massivement les aides militaires à l’État d’Israël.
Mais parallèlement nous suggérons aux USA d’élever tout aussi substantiellement le niveau des pressions auprès des deux belligérants. En cela il ne ferait que s’inspirer des différentes actions de Kissinger qui maniait, tantôt la carotte tantôt le bâton, auprès des belligérants.
D’aucuns qualifieront cette attitude de cynique, d’autres y trouveront maestria.
«La grandeur naît non pas du projet initial d’ensemble du joueur mais de son habileté manœuvrière. » 9
En outre Monsieur Kerry devrait à nouveau rappeler aux deux belligérants de façon beaucoup plus forte que les impératifs de sécurité doivent à tout prix être détachés de tout soubassement idéologique.
«On se demande avec angoisse si en allant dès l’origine, jusqu’au bout des concessions inévitables, on n’aurait pas évité la tragédie. » Raymond Aron 10
L’Iran encore hélas et toujours !
Et surtout lors de son voyage touristique en Israël : «Il eût été plus judicieux de soutenir Mahmoud Abbas et de rehausser son aura et son autorité afin d’en faire véritablement un interlocuteur incontournable pour Israël… » Frédéric Encel
John Kerry devrait en échange de garanties de livraisons d’armes à Israël et d’aide économique et d’appui diplomatique plus conséquent à Mahmoud Abbas, brandir l’arme des pressions sur les deux camps.
Ayant dit haut et fort-si possible- les désidérata US, Monsieur Kerry devrait tout aussi clairement avertir les dirigeants Palestiniens et leur opinion publique que ce n’est pas- à rebours de ce que pensent les anti- israéliens primaires et autres belles âmes adeptes du politiquement correct, ce n’est pas Israël qui menace la paix dans la région mais bien l’Iran.
Ayant dit, les USA devraient amener Israël à couler dans le béton une vraie ligne de fracture entre le conflit israélo-palestinien et l’Iran.
Or pour des raisons opposées et presque symétriques, les deux belligérants se refusent à toute exérèse. Sur l’Iran les deux camps se rejoignent en une parfaite anastomose dans leurs arguments.
L’Iran règle la pression du pipeline des livraisons d’armes au Hamas ou Hezbollah à un niveau suffisant pour entretenir la tension mais à un niveau trop faible pour déclencher un véritable embrasement qui verrait ses vassaux terroristes durement frappés par Israël. Or l’Iran ne peut se permettre de perdre de tels relais.
L’Iran est, outre les raisons classiques, que nous avons évoquées dans un précédent article, un obstacle à la paix.
Si les palestiniens ne veulent pas évacuer l’Iran du jeu politique, les Israéliens se gardent bien- eux aussi- de l’évacuer du débat. Or les deux conflits- même s’il existe des passerelles- sont distincts.
A l’heure actuelle, l’Iran est le dénominateur commun le plus solide entre les États-Unis et Israël.
Comme le rappelle fort opportunément Frédéric Encel, Obama n’a jamais en dehors des symboles et de l’affection, manqué à Israël. Il n’en reste pas moins que l’affaire iranienne reste le lien le plus fort entre les deux pays.
Que l’affaire iranienne vienne à disparaître du terrain de jeu du Moyen-Orient, et il sera plus difficile à Israël d’en exciper quant à sa sécurité.
Et ce d’autant plus facilement que les livraisons d’armes aux organisations terroristes que sont le Hamas et le Hezbollah seront diminuées, voire stoppées.
Paradoxalement l’Iran est le meilleur ennemi possible pour Israël !
On conseillera donc à Monsieur Kerry de précipiter l’apoptose du régime iranien !
D’aucuns arguent du fait que l’état de guerre froide actuelle et l’absence de menace stratégique sont les preuves éclatantes de la réussite de la stratégie sécuritaire. Certes! La baisse des attentats terroristes est à mettre indéniablement au crédit du Premier Ministre israélien.
Certes jamais les Israéliens n’ont été (à part la menace iranienne qui doit être éradiquée par tous les moyens comme nous l’avons écrit dans l’article sur Gulliver empêtré) en une position stratégique aussi favorable. 11
Assurément l’absence de menace stratégique réelle des états arabes, en quasi liquéfaction, un Hamas aux soutiens diminués et rognés, un Hezbollah branche militaire désormais à l’index et ayant d’autres chats à fouetter, une sur- indépendance énergétique désormais assurée à perte de vue vue, (les dernières réserves semblent colossales) autant de raisons que John Kerry devrait avancer pour amener Israël à plus de souplesse.
«Carry a big stick and speak softly »
Parallèlement il devrait exercer des pressions encore plus fortes sur les palestiniens. Ayant à l’esprit que l’on ne fait de bon compromis qu’en position de force, le Secrétaire d’Etat américain devrait avoir la sagesse d’augmenter le niveau de pression. Car l’administration Obama dispose de gros atouts dans son jeu.
Ayant opéré un «rebalance» à tout le moins émotionnel lors de son discours du Caire, Monsieur Obama tarde à transformer auprès des palestiniens le crédit dont il a bénéficié.
De la même façon qu’il est illusoire de croire que sans pression exercée auprès des Israéliens, il est au moins aussi illusoire de croire que Mahmoud Abbas s’assiéra la table de négociation sans pressions fortes.
Certes chaque partie pousse à cette seule idée des d’orfraie. Le contraire nous eût étonné. Ou plutôt elles réclament des pressions à condition qu’elles soient ciblées uniquement sur l’autre camp.
La polémologie nous a appris que la violence puis la coercition- sous une forme ou sous une autre- se sont avérées nécessaires à la résolution des conflits. Même la paisible Suisse l’a compris lorsqu’elle a accepté de transmettre aux USA les listes des clients de ses banques. Si les Américains ont su faire céder Messieurs les banquiers de Zurich ils devraient y réussir sans problème au Moyen-Orient.
On se rappellera ce qu’écrivit Pierre Chaunu : «Au commencement était la violence. Quand la violence devint intolérable, jaillit la guerre. Et la guerre, règle introduite dans le désordre, commença à faire reculer la violence… »
André Fontaine, peut-être l’un des plus fins connaisseurs de la guerre froide, rapporte ce propos de Théodore Roosevelt : «carry a big stick and speak softly » ! Et de commenter: «mais la difficulté commence quand on a un petit bâton et qu’il faut parler fort».12
Madame Susan Rice, Conseiller à la Sécurité, certes moins flamboyante que Condoleezza Rice, devrait peut-être briefer John Kerry et lui rappeler qu’il est le Secrétaire d’État de la première puissance mondiale et qu’il a par conséquent des devoirs et les moyens de les éployer.
Or l’on ne peut s’empêcher de constater qu’en la matière Monsieur Obama dispose encore d’un gros bâton dont il n’use pas mais qu’il parle faiblement. Madame Susan Rice devrait donc rappeler à son secrétaire d’État (après tout le rôle d’un conseiller n’est-il pas, d’abord, de présenter les différents scénarii) « que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Général Karl von Clausewitz.13
Le lecteur changera simplement – tout comme dans la citation de Chaunu – le mot guerre par pression.
Au cas fort improbable où Monsieur Kerry n’aurait point visité les écrits de Raymond Aron, qui demeure à ce jour un penseur incontournable en matière de conflits, nous lui conseillons de lire ou relire ce dernier.
« Rappelons d’abord, puisque tant de commentateurs veulent oublier ces vérités de sens commun que la guerre (pressions musclées pour ce qui nous intéresse ici) a toujours consisté à user de la violence physique pour contraindre la volonté de l’ennemi. » Ab urbe condita grammatici certant! Où a-t-on vu que l’on peut amener un État en guerre à négocier sans pression ?19
On se remémorera avec intérêt Machiavel qui disait que tout bon accord est celui qui mécontente de façon égale les deux parties.
Monsieur le Secrétaire d’État, qui avez fréquenté les prestigieuses universités de la Ivy League, auriez-vous donc oublié Nietzsche: «Avant d’être mon ami soit au moins capable d’être mon ennemi».
Un peu d’agressivité, même de bon aloi, ne messied point Monsieur Kerry. Par contre évitez d’en faire état à Messieurs Netanyahou et Abbas; ils ont prouvé plus souvent qu’à leur tour qu’ils savaient être ennemis.
Il est une autre arme que Monsieur Kerry pourrait dégainer vis-à-vis de Monsieur Mahmoud Abbas. Elle en est risquée et malaisée à mettre en œuvre. Elle nécessite en outre ce que d’aucuns qualifient de cynique. Pour d’autres elle relève du grand art.
Si Monsieur Kerry suivait l’exemple de Kissinger avec ses alliés Sud-Vietnamiens, ou Bill Clinton, lors de la conférence de Daytona avec les pays de feue la Yougoslavie, Mahmoud Abbas se retrouverait bien seul face au Hamas. Encore faut-il que les USA acceptent de dégainer un «gros stick».
On ne voit pas ce qui les en empêche. Leurs pressions sur Mahmoud Abbas seraient d’autant plus fortes que la position stratégique, une indépendance énergétique et surtout le formidable avancée technologique d’Israël lui feraient aisément comprendre qu’Israël est moins vulnérable que lui aux dites pressions US.
Rappelons à cet égard qu’Israël a le plus grand nombre de sociétés étrangères cotées au Nasdaq à New York et ce avant le Canada.
Une relecture de Max Weber
Pour autant Israël aurait tort de se croire complètement à l’abri des pressions US. D’abord parce qu’étant une démocratie exemplaire, il doit tenir compte de son opinion publique laquelle n’aspire pas uniquement à des préoccupations qui ressortissent du militaire.
Ensuite parce que le temps viendra où certains pays du golfe verront éclore les fruits d’un énorme effort entrepris pour se doter des universités les plus prestigieuses. Les métamorphoses en seront tout sauf agogiques !
Enfin le prix de la vie humaine est tellement sacré en Israël – au moins autant que la notion de sécurité (bitahon) que cela constituera un talon d’Achille toujours plus faible!
Suggérons donc à Monsieur Kerry d’interpeller Monsieur Netanyahu par ces mots: «L’histoire ne prouve pas que Dieu est américain (israélien), parce que les États-Unis (Israël) ont gagné toutes les guerres. L’histoire prouve simplement selon le mot de Napoléon que Dieu est du côté des plus gros bataillons. 14
Afin de démontrer aux protagonistes que leur demande relève bien davantage d’une posture idéologique que d’un impératif sécuritaire, Kerry devrait sans relâche leur expliquer en renversant la pensée de Max Weber: «S’il est très certain que la politique ne se fait pas avec la tête seulement, elle se fait aussi avec la tête…» 15
Les obstacles qui parsèment la route des pourparlers sont innombrables. Ils émanent tantôt de la part des Israéliens, tantôt de la part des Palestiniens. Si tout les indispose tous ne les y oppose pas pour autant!
Et les États-Unis pour ne s’être pas ingérés à temps courent aujourd’hui le risque de s’ingérer à contretemps. A contretemps car le dossier semble mal préparé.
Ayant imposé ces différentes conditions les Etats-Unis n’auront point dicté les modalités d’un accord, ils n’auront pas non plus esquissé les modalités d’un règlement futur. Ils auront seulement dégagé l’architectonie permettant des discussions. Pour le reste nous suggérons au Président Obama de se conformer au sage précepte de Carl von Clausewitz: «Die Sache muss entscheiden » « La chose doit décider »
Saluons à tout le moins l’initiative de Kerry.
Au début de ces quelques lignes nous citions Henry Kissinger disant «let the boys play a while ».Tout l’art Kissingérien consistait à se saisir à bras le corps et à chaud d’une crise pour en pétrir et en façonner les évènements.
Cette acmé lui était la condition nécessaire à ses «conceptual breakthrough ».
« la vérité ici encore est à la fin »
Nous avons tenté d’analyser non pas les conditions d’un règlement de paix (nous n’en sommes qu’aux pré-pourparlers et les préventions donneront lieu à de nombreux florilèges ampliatifs).Nous avons tout simplement voulu dégager les éléments de blocages respectifs, dessiner quelles étaient les armes à la disposition du Secrétaire d’État (en fait elles se résument pour l’essentiel à une seule : les pressions.)
Nous ne pouvons que rappeler-à notre modeste place- aux trois acolytes la délicieuse formule d’Edgar Faure : «Il y a des politiques sans chance mais il n’y a pas de politique sans risque… »
Que les protagonistes ne se réfugient point dans la première proposition et n’aient point peur de la seconde !
Que le lecteur veuille bien nous pardonner de lui emprunter une autre citation : «Lorsqu’un problème est compliqué on peut toujours le compliquer davantage ». Mais à cette aune, il semble que le Moyen-Orient puisse en remontrer à Edgar Faure.
«La mémoire des Etats est l’épreuve de vérité de leur politique »16 Henry Kissinger
Hegel, quant à lui disait «La vérité ici encore est à la fin».
Surmonter leur mémoire leur sera pénible et douloureux, inventer leur fin nécessitera d’abandonner toute aporie du raisonnement et de considérer que les solutions ne sont pas forcément aléthiques.
«Il en est des haines en politique comme des amours romantiques. Elles durent toute la vie rien ne les lasse, elles repoussent comme de mauvaises herbes au fond du crâne et agissent comme une douleur persistante: une parole amère suffit pour les réveiller. Comme en amour on ne guérit jamais de sa douleur, mais on en change. En politique ne soigne pas sa rancune, on vit avec » ! 17 Bruno Le Maire
Que Monsieur Kerry vienne à remiser son « gros stick »et continue de parler mezzo voce et l’on relira avec intérêt Molière: « L’endurcissement entraîne une mort funeste et les grâces du ciel que l’on renvoie ouvrent un chemin à la foudre… »!
Mais il est un dernier facteur engoncé et dans les mentalités et dans la géopolitique du Moyen-Orient qui encalmine jusqu’à présent tout le processus de règlement.
Le lecteur nous pardonnera aisément-du moins nous l’espérons- de l’avoir gardé pour la fin.
En cette occurrence John Kerry et Barack Obama auront tout intérêt à relire Clausewitz.
Pour le génial Général Prussien les deux impératifs qui s’imposent dans tout combat et toute sortie de combat sont: avoir correctement défini le « Ziel et le Zweck » (l’objectif militaire ou l’objectif dans la guerre et la fin politique) puis de «vorschreiben » c’est-à-dire dicter les conditions de paix.18
Est-ce qu’un des protagonistes est-il capable de dicter ses propres conditions ? Un seul des protagonistes peut- il «niederwerfen », abattre définitivement l’ennemi ou l’anéantir politiquement ?
Il semble que la réponse soit non. Dans ce cas que Monsieur Le Secrétaire d’Etat impose la vision de Machiavel qui disait que les seuls bons accords sont ceux ou les deux parties sont également insatisfaites et qu’elles ne connaissent pas les arrières pensées de l’adversaire !
Ayant dit et décrit les différentes raisons nous laissant penser que l’initiative américaine- parce que mal préparée et donc inopportune- connaîtra ce que connaissent les roses de jardin c’est à dire un parfum délicat et subtil mais hélas évanescent !
D’aucuns se plaindront que nous appelions aussi fortement les pressions americaines.Que cela soit juste ou pas ne revêt aucune importance !
Nous savons depuis le 23 avril 1973, que le prix Nobel de la Paix a précisé à Bruxelles ce que le président et lui entendent par-là : «Les États-Unis ont des responsabilités et des intérêts globaux – alors que leurs alliés de l’OTAN n’ont que des intérêts régionaux… Les États-Unis doivent donc agir en tant que partie constituante et responsable d’un système »
Que Monsieur John Kerry, à défaut d’assumer ses responsabilités veuille bien dès lors- toute impuissance bue – convoquer Dieu. «Dieu voulant réconcilier les ennemis et ne pouvant y réussir les attacha tous deux par leurs extrémités». Platon
Leo Keller
Notes
1 Gérard Chaliand in Russia and the West under Lenin and Stalin in le
2 Henry Kissinger in le chemin de la paix page 12
3 Henry Kissinger ibid
4 Henry Kissinger ibid
5 Fréderic Encel propos tenus lors d’une conférence décembre 2012
6 Fréderic Encel in le monde 22 janvier 2009
7 Raymond Aron in carnets de la guerre froide 13 décembre 1950
8 Richard Haas in Foreign Policy 2013
9 Henry Kissinger in a troubled partnership
10 Raymond Aron in carnets de la guerre froide
11 Henry Kissinger in le chemin de la paix page 20
12 André Fontaine in un seul lit pour deux rêves
13 Karl von Clausewitz in de la guerre
14 Raymond Aron in carnets de la détente 5 janvier 73
15 Raymond Aron in carnets de la guerre froide
16 Henry Kissinger in le chemin de la paix 14 Raymond Aron ibid
8 André Fontaine ibid p 255
19 Francis Fukuyama in la fin de l’histoire et le dernier homme
15 Max Weber In le savant et le politique
17 Bruno Lemaire in jours de pouvoir
18 Carl von Clausewitz in de la Guerre
11 https://blogazoi.growmodo.dev/2013/07/15/la-politique-etrangere-americaine-au-moyen-orient-le-tigre-iranien-et-gulliver-empetre/
20 Raymond Aron in carnets de la guerre froide 13 décembre 1950
5 Henry Kissinger ibid p 20
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