"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
mars 23, 2023
Anna Netrebko, la sublime, la divine encore et toujours et plus que jamais !
Avec Eugène Oneguine dirigé par Valéri Guerguiev, Anna Netrebko joue à domicile. Certes l’avoir entendu chanter en italien ou en allemand m’est pur bonheur.
Mais entendre parler son cœur et chanter son âme dans sa langue maternelle touche au divin!
Hier en direct du Met à New York, et retransmis en direct dans les plus grandes salles de cinéma du monde, Tchaïkovski et Anna Netrebko ont remporté un véritable triomphe.
D’aucuns diront qu’un opéra retransmis sur grand écran n’est plus de l’opéra. Voire!
D’abord parce que les conditions techniques sont exceptionnelles et que surtout des caméras expertes rendent – non pas l’émotion originelle que seule la présence apporte, mais une autre sensibilité et une sensibilité toute aussi puissante.
En effet, et pour notre plus grande joie, les artistes lyriques ont ajouté aujourd’hui une nouvelle chromatique à leur partition. Les grands ténors ou sopranos-en l’occurrence- sont aussi de fabuleux acteurs. Grâce à l’expression de leurs yeux, grâce à leur visage qui livre leur émotion, le livret acquiert une autre dimension.
Le drame ou la joie jaillissent et explosent de la minutie de l’expression en une formidable émotion. Or celle-ci, seuls les miracles de la caméra nous la restituent pleinement.
Ne rentrons pas dans l’éternel débat d’une culture qui se démocratise et d’une culture réservée à l’élite.
Les costumes chamarrés étincelaient de couleur, de précision et de justesse. Une vraie diaprure. Les décors parfaits à souhait. Les ballets exécutés de main de maître.
L’argument de ce sombre opéra est parfaitement connu, mentionnons le pour mémoire.
Une jeune fille de petite bourgeoisie, belle comme un cœur, mais naïve, et surtout ne demandant qu’à aimer et être aimée (les dialogues avec sa nounou sont révélateurs de son âme et de l’âme russe) tombe éperdument amoureuse de son voisin qui se révèle être un vil séducteur dénué de toute richesse intérieure.
A l’offrande pure, désintéressée et violente de Tatiana, Eugène Oneguine se glisse comme une ombre. A sa lettre et à son abandon nourris de l’amour le plus tendre et le plus violent, Eugène Onéguine n’offre que le visage d’un dandy vide de lui-même.
Qui n’aimerait recevoir un tel don ?
Onéguine, mais plus tard, beaucoup plus tard, et, hélas trop tard lorsqu’il aura compris ! Cependant si la pièce s’appelle Eugène Onéguine, c’est que le personnage habite après la scène du duel et surtout après l’air de Grémine une vraie épaisseur. Trop tard ! Trop tard hélas beaucoup trop tard!
Le remords habite désormais le personnage et c’est ce qui lui rend sa vraie richesse qu’il avait voulue refouler, comme s’il voulait se protéger. Mais il est trop tard.
Eugène Onéguine c’est le romantisme slave, violent, profond, mystérieux et désespéré.
La Polonaise, l’Écossaise, la danse des paysans s’entremêlent à la sombre et ténébreuse âme slave et à sa lente et entêtante majesté.
La mort omniprésente forcément !
Lorsque Lenski flairant la mort rôder auprès de lui il murmure « Kuda Kuda » « où donc avez-vous fui, jour radieux de ma jeunesse » l’on fait littéralement corps avec lui. L’on reste figé.
Enfin l’air de Grémine – ex Tatiana- nous transit d’effroi. Effroi, car deux êtres que la destinée en son arroi promettait au bonheur « Nous étions si proches du bonheur » affirme Grémine, désormais mariée, seront punis par les dieux pour leur stupidité.
Effrayés par ce gâchis provoqué par l’imbécile suffisance d’un jeune hobereau russe l’air de Grémine est d’autant plus bouleversant de beauté que Tatiana avoue toujours aimer Eugène Onéguine.
Violence, tendresse, rythmes endiablés, airs lancinants!
Anna Netrebko reussit à incarner avec une égale réussite les personnages de Tatiana et Grémine si différents mais si semblables.
Anna Netrebko revêtue d’une toque de vison c’est la Grande Catherine!
Reste le principal!
Et le principal bien sûr, bien évidemment c’est Anna Nétrebko avant tout.
Avouons-le je ne me rappelle pas avoir été autant fasciné par une femme que par Anna Netrebko !
Il y a en elle un mystérieux mélange d’âmes et de charme slaves et de coquetterie italienne ! Et Dieu qu’elle en joue bien !
C’est incontestablement la plus grande aujourd’hui et l’on se met à imaginer et regretter ce qu’eût donné un duo Pavarotti Anna Netrebko !
Les duos qu’elle a formés avec Placido Domingo et surtout Rolando Villazon dans l’Elixir d’Amour sont tout simplement magiques et exceptionnels.
Et, pour l’avoir vu nous-mêmes, lorsqu’elle embrasse Villazon – que le lecteur veuille bien nous croire –, cela relève de la magie, de la pure magie ! Anna Netrebko peut interpréter avec un égal bonheur Violetta, Susanna, Adina, Tatiana ou Yolanta.
La diva a tellement travaillé ces airs que l’on a l’impression que tout coule de sa bouche comme du miel.
D’Anna Netrebko André Gide eût pu écrire « Que toute chose s’irise, que toute beauté se revête et se diapre de mon amour »
Madame Netrebko lorsque des larmes diaprent et embuent vos si beaux yeux vous êtes sublime!
Madame Netrebko lorsque vous riez, telle une ingénue dans l’élixir d’amour, le bonheur vous diapre telle la rosée du matin de sa cape majestueuse.
Madame Netrebko lorsque le malheur diapre sa lourde chape sur vous dans Yolanta vous êtes sublimement belle !
Madame Netrebko lorsque vous habillez et habitez Violetta la noblesse diapre votre si beau, si noble et si généreux visage.
Quant à votre voix vous avez montré que -sauf peut-être dans Casta Diva mais c’est la seule exception- vous surclassiez La Callas ou Gundula Janowicz !
Mais vous le savez et lorsque vous chantez c’est le bonheur le plus exquis ,le plus vrai et le plus divin qui diâpre nos cœurs et nos âmes.
Pour le bonheur que vous nous offrez nous vous offrons simplement mais complètement notre merci le plus profond!
Leo Keller
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=d56MMagyMXs&w=420&h=315]
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