"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE

avril 1, 2023

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Biden: l’OTAN et l’Europe. Welcome back par Leo Keller 2ème partie

Biden: l’OTAN et l’Europe. Welcome back!
Par Leo Keller

Partons du constat qu’il y a probablement–au moins–193 définitions de politiques étrangères qui n’ont cessé d’évoluer depuis la nuit des temps. La plus évidente étant que la politique étrangère d’un pays acertise sa géographie. Napoléon ne disait-il pas : « Tout pays a la politique de sa géographie. »

Essayons donc de tracer un cadre général que nous affinerons au fil de nos réflexions et qui nous permettra de mieux cerner les options offertes à Biden et d’esquisser à son intention quelques recommandations.

Une grande stratégie suppose deux éléments constitutifs : une Nation avec ses règles, son histoire, son vouloir vivre ensemble et désormais au vu des récentes évolutions survenues dans tant de pays une capacité de vouloir vivre ensemble ; mais surtout des moyens mis en œuvre adaptés à la réalisation de sa grande stratégie. Le premier atout de Biden est qu’il est le Président d’un Etat, la République Impériale américaine 1 qui possède au plus haut point cette combinatoire. C’est l’ipséité américaine.

Il n’en fût pas toujours ainsi. Au-delà des outrances insupportablement vulgaires de l’ancien président Trump et de ses lacunes abyssales en matière de politique étrangère- mais pas que- le néo-isolationnisme américain–peu importe le nom qu’on lui donne ou les formes qu’il revêt, s’inscrit dans le temps long.

Nous pourrions presque dire que la photo–désormais historique– d’un G7 ou l’on voyait un Trump goguenard face aux autres dirigeants, ne fût pas aussi exceptionnelle que nous eussions  pu oublier l’histoire.
Citons à cet égard Raymond Aron : « L’action américaine qui parle et qui se parle, éveille des échos aux quatre coins du monde, elle déchaîne les passions, plus souvent hostiles que favorables. » Mais ce qui a changé, hélas, c’est la subordonnée de la phrase : « … en contrepartie, elle intéresse plus que celle de son rival. » 2

Devant la menace chinoise, il est tout sauf sûr que Raymond Aron eût-pu  reprendre la fin du paradigme final.
Truman eusse-t-il pris l’exact contre-pied de Roosevelt, il n’est pas sûr que la guerre froide eût-pu se dérouler sans davantage de conflits majeurs. Biden devra donc naviguer sa gabare dans des eaux déchainées sans s’échouer sur les rives  semées d’embûches  et de périls, mais plus ménechmes  qu’on ne le pense–en terme d’échecs–entre une politique diamétralement opposée à celle de son prédécesseur  et un trumpisme soft.

L’on se rappellera utilement la pensée de Marc-Aurèle : « L’obstacle est matière à action.»

La première règle, qui bien sûr, oblige est celle d’Ernest Renan: « La bonne politique n’est pas de s’opposer à ce qui est inévitable, la bonne politique est de s’y servir et de s’en servir. » 3
L’Europe devra garder ce principe à l’esprit sous peine de graves déconvenues.
Complétons cette définition, certes un peu cynique, par celle de Charles- Maurice de Talleyrand-Périgord : « Il pourra être cédé ce qui est d’un intérêt moindre pour obtenir ce qui est un intérêt supérieur. » Notre évêque défroqué, prince des diplomates et diplomate des princes, fût un diplomate hors de pair. Rendons grâce à sa mémoire, la France lui doit beaucoup.
L’on rappellera ainsi la devise qui sous-tendit toute l’action diplomatique de Monsieur Armand Duplessis–plus connu sous le nom de Richelieu et dont la pourpre cardinalice éclaira si brillamment l’action diplomatique française. « La logique requiert que la chose qui doit être soutenue et la force qui doit être soutenue sont en proportion géométriques l’une par rapport à l’autre. » 4
Décidément il fût un temps où religion et intérêts français bien compris furent en parfaites accordailles.

Ce principe souffre cependant de quelques limites dont Biden devra tenir compte. Qu’est-ce qu’un intérêt supérieur? Est-il compréhensible par une population ? Est-il acceptable ? Peut-il faire l’objet d’un consensus ? Le pays a-t-il les moyens de sa politique étrangère ? L’on peut ainsi estimer un objectif comme supérieur mais ne pas être capable d’aligner les forces pour l’atteindre.
Autant prévenir l’Europe, si les excès de l’ancien président Trump s’estomperont, rappelons à notre quarteron de dirigeants européens cette constatation d’Alexis de Tocqueville : « Ce sont les nuances qui se querellent, pas les couleurs. » 5
Nous verrons au cours de ces courtes lignes qu’en matière de politique étrangère nous pouvons dénoter un certain continuum depuis plusieurs année de la politique étrangère américaine.

Le « New Pivot » d’Obama, n’était pas une manifestation de l’unilatéralisme et encore moins de l’isolationnisme mais à la réémergence avec le « Leading from Behind » d’une volonté américaine, et une attention extrême portée aux intérêts économiques. Attention extrême portée à incandescence.
Remarquons toutefois que les subtilités peuvent être paradoxales. Ainsi si la doctrine Kissinger se voulait, à l’origine, moins flamboyante, moins interventionniste, elle fût probablement la plus étincelante. C’est lors du discours de Manille que Richard Nixon inventa avec la doctrine de la vietnamisation, le concept de « Leading from behind ».

Après, bien entendu, les orchestrations peuvent diverger fortement. Ainsi de l’Iran, dont le but est à quelques kappis près le même : la dénucléarisation. Les moyens pour éradiquer la menace iranienne divergent. De Bush Junior à Biden, la stratégie est stable, la tactique présentant des dissensus violents.

Obama a opéré un certain désengagement en Europe, cela ne l’a pas empêché de confier lors de son dernier voyage les clés de la maison à Angela. « Leading from Behind » signifie aussi diriger de l’arrière. La France et le Royaume-Uni n’auraient pu mener à bien l’opération libyenne sans l’aide polysémique des forces américaines.
C’est Clinton, qui a permis l’opération Allied Forces et le bombardement par l’OTAN de cibles serbes après le massacre de Raçak.

Les dépenses avaient également commencé leur augmentation sous George Bush. Sous Trump les dépenses américaines affectées à l’Europe ont poursuivi leur course malgré ses rodomontades.
Mais il est vrai que James Mattis Defense Secretary  était un général responsable (l’on disait un grown adult) et que des dépenses exécutées sont engagées bien auparavant.
La séquence de costilles suivies des chaconnes otaniennes existera toujours. Certes si les costilles seront moins fréquentes, moins évidentes, les chaconnes seront plus plaisantes, plus vibrionnantes. Rappelons également que depuis quelques années, la dépendance de l’OTAN vis à vis des Américains allait diminuendo.

Quel est donc le premier danger qui menace les USA ?

Le seul pays qui a et la volonté et la capacité de braver et narguer l’hégémon américain c’est la Chine. Pour contrecarrer cette menace, Biden doit donc s’appuyer sur des alliés. Le premier et le principal – Japon et Corée étant dans une autre catégorie, c’est l’Europe et l’OTAN. Oui mais …

Définir l’intérêt supérieur est, pour Biden, une tâche d’une infinie complexité. À la fois parce que les intérêts américains sont difficiles à cerner. Sont–ils mondiaux ? Régionaux ? Ethno-centrés? Militaires ? Economiques ? Mais aussi comme le souligne- de façon si mordante- celui qui fut son Conseiller à la Sécurité John Bolton–alias Mister Strike–parce que Trump, en ayant été incapable de rassembler les différents éléments du puzzle de la politique étrangère, a considérablement affaibli l’Amérique.
Car la première tâche de Biden sera de reconduire sinon la Pax Americana, à tout le moins la présence américaine.

L’intérêt supérieur américain est désormais contrebattu- certes par des puissances révisionnistes- telles que la Chine ou la Russie, voire même par la montée en puissance des alliés traditionnels assurément fidèles mais n’hésitant pas ou plus à regimber.
Ainsi la fidèle Allemagne, fidele fidelis, a pu ainsi déclarer par la voix d’Angela Merkel, en Mai 2018 devant le Président Macron après un sommet historique de l’OTAN: « The times in wich we could completely depend on others are, to a certain extent over. »
« I’ve experienced that in the last few days, we Europeans truly have to take our fate into our own hands.” 6
Et de rajouter devant Macron : « Le temps où l’on pouvait compter tout simplement sur les Etats-Unis pour nous protéger est révolu. » « L’Europe doit prendre son destin elle-même en mains, c’est notre défi. »

Joe Biden va donc devoir affronter les dégâts causés par la présidence Trump. Le retrait, tantôt porté par le néo-isolationnisme de Trump, mais pas que, tantôt résultant de ses erreurs n’a pas fini d’ombrer la politique étrangère américaine.
La définition de Talleyrand souffre également du fait que l’intérêt supérieur américain correspond précisément- bien souvent- aussi à l’intérêt supérieur de ses adversaires.

Contentons-nous à ce stade de deux exemples : la signature d’un nouveau traité nucléaire ou la question taïwanaise. ( la crédibilité américaine est aussi un enjeu stratégique qui nous importe à nous Européens.)
La diplomatie américaine sera certes dorénavant chantournée par un président parfaitement au fait (c’est déjà un profond et rassurant changement) des questions internationales et mise en musique par un routier aguerri : Anthony Blinken ; mais les diplomates chinois et russes sont eux- aussi parfaitement endurcis. Ils maîtrisent désormais à la perfection tous les codes et rivalisent d’hardiesse voire de témérité mesurée à ceux des USA.
À cet égard, nous sommes heureux de rappeler au Président Biden –il n’est pas donné à tout le monde de se vanter de son inculture-, ce si beau vers, symbole de l’excellence de la culture française :
« Après tous ses états qu’Alexandre a soumis
N’est-il pas temps, Seigneur, qu’il cherche des amis. » 7

Une bonne politique étrangère, se jauge et se juge comme un livre à sa qualité et non à l’idéologie qu’elle exprime. Oscar Wilde disait ainsi « La question n’est pas de savoir si tel livre est moral ou immoral. Les livres sont mal écrits ou bien écrits. C’est tout. »

Une bonne politique étrangère se juge aussi et peut-être surtout au fait qu’elle obtient les résultats escomptés sans avoir recours à l’autre fonction régalienne exercée par la force militaire.
À cet égard reprenons la définition impeccable d’Henry Kissinger :
« Mais par légitimité nous entendons «… Une stabilité fondée sur l’équilibre des forces a du moins pu être concevable… Cette stabilité, par conséquent, a en général résulté non pas d’une recherche de la paix, mais d’une légitimité reconnue comme telle par tous… »
«Dans le sens que nous lui donnons ici, «légitimité» n’est pas synonyme de justice. Il s’agit uniquement d’un consensus international portant sur la définition d’accords fonctionnels, et aussi sur les règles du jeu diplomatique, qu’il s’agisse des moyens ou des fins. Ceci implique que l’ensemble des puissances acceptent les structures internationales existantes.
Aucune, du moins, ne doit arriver à un point de mécontentement pareil à celui de l’Allemagne d’après le traité de Versailles, et traduire sa rancune par une politique étrangère révolutionnaire. S’il n’exclut pas l’éventualité d’un conflit, un ordre reconnu légitime en limite l’ampleur ».
« De nos jours, la puissance militaire présente donc un aspect paradoxal : son augmentation démesurée lui a fait perdre tout contact avec la politique. Les grands pays nucléaires, qui ont la possibilité de se dévaster réciproquement rencontrent d’énormes difficultés quand ils veulent en jouer sur le plan politique, si ce n’est comme moyen de dissuasion pour garantir leur survie– limite qu’ils interprètent d’ailleurs de plus en plus strictement. Leur capacité de destruction se transforme mal en menace plausible, même à l’égard de pays qui ne peuvent y répondre par des représailles… »
« En d’autres mots, la puissance ne se transforme plus automatiquement en influence. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut être impuissant pour être influent, mais que puissance et influences ne sont plus automatiquement liées… »  « En résumé, la terreur qui entoure la puissance l’a rendue abstraite, impondérable, trompeuse… »
« Sur le plan politique, le véritable étalon de mesure de la puissance militaire et l’évaluation qu’en fait l’ennemi éventuel… »
« Les critères psychologiques rivalisent en importance avec la doctrine stratégique… » 8

On ne saurait rêver d’une feuille de route aussi intelligente. C’est donc bien volontiers que nous la faisons nôtre et la dédions à Joe Biden.
Nous touchons là à un point qui paradoxalement continue d’être central : la psychanalyse. Délaissons Freud en cette affaire et rappelons-nous du fameux triptyque de Thucydide : Phobos, Kerdos, Doxa.
La traduction généralement admise de Phobos est la peur, concept que bien entendu nous retrouvons dans la théorie du dilemme de la sécurité de Jervis. Pour autant autorisons-nous une acception secondaire : la fierté.

Les Américains ont longtemps cru que leur « manifest destiny » était d’être quasi ontologiquement la première puissance mondiale, et appelée même en période d’isolationnisme à illuminer le monde voire à le conduire.
En d’autres temps, la Maison Habsbourg avait pour devise A.E.I.O.U !

Or Joe Biden est le premier président à connaître non pas le déclin–certes relatif–de la puissance américaine projetée dans le monde. Certes Trump est arrivé précisément au Kairos de la manifestation publique, assumée et revendiquée désormais de façon arrogante de l’acromégalie de la puissance chinoise. Il a su par un savant mélange–reconnaissons-le de rodomontades et de flatteries laisser accroire que les États-Unis restaient au-dessus de la mêlée. America First (aux consonances directement héritées des nazis américains- on  ne le rappellera jamais assez) et Make America Great Again ne signifiaient pas autre chose.
En ce sens les bravades trumpiennes étaient la parfaite représentation du mot nostalgie dont le nom provient du grec ancien nostos ?????? retour) et algos ?????, (douleur).

Trump invoquait et convoquait la nostalgie de l’empire américain. Mais une diplomatie réussie ne saurait se contenter d’être passive , nostalgique et recroquevillée ; elle doit être inventive, effervescente sans être brouillonne, réaliste et créative. Tel est  désormais l’épitomé de l’action de Biden.
D’autres présidents durent faire face à ce genre de problématique.

La Dream Team Nixon–Kissinger fût l’époque où malgré l’acmé de la puissance bolchévique, les USA menaient, seuls, la course en tête.
Bush Senior, fût l’autre heureuse exception. Il eût à éviter que l’implosion soviétique ne se transformât en explosion.
Nous savons que c’est précisément lorsque les empires tremblent, relâchent leur pression, desserrent leur étreinte que les cataclysmes surgissent.
A ce sujet le lecteur intéressé se reportera avec profit au livre de Walt Rostow sur les étapes du développement ou à la fameuse loi de l’entropie de Tocqueville.

Joe Biden se retrouve, d’une certaine façon, dans la position de Giscard d’Estaing qui avait, en son temps, eu la courageuse lucidité de révéler cette vérité adamantine, mais refusée par la classe politique française ; à savoir que la France était désormais une puissance moyenne.
Certes les USA ne sont plus la seule hégémonie surplombant sans contestation possible (mais  l’ont-ils jamais été vraiment sur le long terme). Pour autant si la Capitis Diminutio américaine n’est plus minima, elle n’est pas non plus maxima. Toute l’action de Biden sera de la maintenir au niveau de la Capitis diminutio media.

Pour rejoindre Kissinger, citons Romano Prodi qui concluait que la diplomatie est autant un problème relevant de la psychanalyse que des rapports de force.
Notons cependant que Henry Kissinger- conscient de l’inévitabilité de la tragédie de l’Histoire avait alerté : “calculations of power without a moral dimension will turn every disagreement into a test of strength … Moral prescriptions without concern for equilibrium, on the other hand, tend toward either crusades or an impotent policy tempting challenges; either extreme risks endangering the coherence of the international order itself.”
Il ne faudrait pas qu’après une politique débarrassée de tous critères moraux et tressant des couronnes de lauriers au boucher désosseur d’Arabie Saoudite, MBS aussi appelé Mohammed Bone Saw, succédât une période d’angélisme infantile.
Que le lecteur nous permette de citer à profit l’Ambassadeur de France Gérard Araud : « Je savais que la diplomatie, c’était parler au diable, mais rien ne m’obligerait jamais à dire que le diable était un ange. » 9

La menace chinoise qui nous semble la plus urgente et la plus prégnante est aussi la plus complexe à traiter. Pour autant forcer la vélocité d’une réplique sera totalement contre-productif. Dans la boite à outils de la politique étrangère américaine, il y a l’Europe et l’OTAN. Et ils ne sont pas seulement le socle commun de nos valeurs ; ils sont aussi le socle sur lequel l’administration Biden peut s’appuyer pour contenir et contrer les ambitions chinoises.
C’est pourquoi nous commençons l’état des lieux par l’analyse des relations transatlantiques.

Ni les États-Unis, seuls et isolés après la présidence Trump, ni a fortiori l’Europe pourtant première puissance économique, commerciale et financière de la planète et ayant remisé, au musée des accessoires et reliques d’un passé autrefois glorieux mais belliqueux, Ares pour Hermès, ne sont capables–chacun séparément–de contenir la Chine et son mandarin Xi- Ji Ping. Il est donc urgent que Biden, colmate, revigore et relève les liens transatlantiques. Ce n’est qu’après qu’il pourra les régénérer, les réinventer.

Le parodos : La séparation des eaux transatlantiques était pourtant obvie

Ensevelis presque méthodiquement et rageusement par Trump, Macron a eu beau jeu de sonner le tocsin sur l’ « état de mort cérébrale » de l’Otan.
Les stasimons Pour autant et malgré son style disruptif – voire inutilement provocateur- le Président Macron n’avait pas totalement tort.
Le Président Macron a, reconnaissons-le, le sens de l’Histoire. Le socle otanien reposait, à l’origine, sur une Europe affaiblie, meurtrie et désunie. Le pari américain était de la reconstruire, il n’est pas sûr qu’ils en avaient mesuré les conséquences à l’époque. L’Europe d’alors était encalminée dans son empire colonial et dans sa praxis colonialiste.
Dans son discours –célébrissime- du Cap, Harold Mac Millan, Premier Ministre britannique prononça  un discours qui demeure historique : « The wind of change is blowing through this continent, and whether we like it or not, this growth of national consciousness is a political fact. We must all accept it as a fact, and our national policies must take account of it.”  
“fleeting transient phantoms on the great stage of history » with no right to sweep aside that friendship that was the legacy of history.”
“ Ever since the break up of the Roman Empire one of the constant facts of political life in Europe has been the emergence of independent nations. They have come into existence over the centuries in different forms, different kinds of government, but all have been inspired by a deep, keen feeling of nationalism, which has grown as the nations have grown.”10

Cette décolonisation souhaitée et portée par les voiles américaines a eu précisément pour effet de recentrer la politique étrangère de l’Europe sur elle-même. A mesure que l’Europe gagnait en européanité et en intégration, il devint donc inévitable que des craquements d’abord souterrains  vinssent à éclater.
Nous prions humblement le lecteur de nous excuser de cette courte incise. Mais cette digression explique le pourquoi de la divergence de vues– toujours actuelle entre les USA et l’Europe, ce qui permettra- peut-être- à Biden d’y remédier. L’exordos.

Ayant décolonisé, les Européens croyaient avoir moins d’intérêts mondiaux et moins d’intérêts communs avec les Américains. Moins d’intérêts mondiaux induisent moins de menaces. Le paradoxe est qu’avec l’Europe puissance, les divergences qui devaient nécessairement réapparaître, réapparaissent.

Depuis 2004 l’UE est le premier partenaire Commercial de la Chine, laquelle est notre deuxième partenaire après les USA.

Dans un autre registre, la crise de Cuba démontra durablement que la guerre nucléaire était désormais difficilement envisageable. D’où le hiatus européen vis-à-vis de l’Iran. Hiatus dont la principale manifestation réside à plusieurs niveaux :
– perception différente de la menace nucléaire iranienne et de son importance
– perception différente du rôle accordé à l’Iran
– Et surtout opposition réelle entre l’arme de l’extra territorialisation suite aux sanctions et le « special vehicle » que l’Europe tente de mettre sur pied pour préserver notre indépendance.

Pour autant le chantier des accords du JCPOA avec l’Iran est une tâche d’une complexité titanesque. Trêve de fariboles !
Il n’est d’ailleurs pas anormal que les positions européennes divergent de celle de Biden. Cela ne justifie en rien les mesures de rétorsion de l’extra territorialisation initiées par Obama. Nous reviendrons sur l’Iran dans une prochaine partie de notre étude.

Notons simplement à ce stade que l’Iran- tout comme la Corée du Nord- est sur le long terme une menace nettement moins dangereuse que la Russie ou la Chine. La fulmination iranienne est cependant celle qui attente le moins aux intérêts américains. Ce qui n’empêche pas, reconnaissons-le, d’être pour reprendre l’expression d’Obama la « plus activement hostile. »

En outre, cette crise de Cuba a laissé des traces psychologiques. L’Europe était persuadée, à tort ou à raison, que les USA la sacrifieraient sur l’autel de leur relation avec la Russie. Et c’est précisément ce sentiment diffus qui explique notre approche différente de celle des États-Unis vis-à-vis de la Chine.
Biden devra donc impérativement rassurer l’Europe sur ce point. Ce sera une de ses tâches principales. Pour Biden il ne s’agit donc pas de réparer les erreurs monumentales de Trump sur l’OTAN ou l’Europe. Biden doit impérativement repenser l’OTAN.

Lorsque Obama opéra un désengagement de l’Europe – moins profond et surtout moins violent-que d’aucuns se complurent à le souligner, il ne fit que constater, du point de vue américain, ce que Kissinger écrivit : « Les États-Unis promurent le renouveau européen dans un esprit constructif, avec des vues sur l’avenir. L’Europe, pour nous, c’était un partenaire potentiel susceptible de partager un jour avec nous les fardeaux et les responsabilités du leadership mondial. La plupart de nos déclarations de principe reflétaient notre espoir qu’une fois rétablie, l’Europe n’aurait plus besoin de l’assistance économique américaine mais continuerait de poursuivre une politique parallèle, sinon identique.
C’était toutefois fort improbable. À mesure que croîtrait la vigueur économique européenne, le dynamisme traditionnel de l’Europe devait obligatoirement lui revenir.… Les intérêts économiques du Marché Commun coïncident souvent avec l’objectif politique de la France : réclamer pour l’Europe un rôle plus indépendant. » 11 Voilà ce que recouvrait le constat de Macron. Rien de plus mais rien de moins.

Si l’ossature otanienne chancelle, titube, elle ne s’écroule pas et Macron a vu juste en voulant en présenter de nouvelles mesures sur les fronts baptismaux. La vieille alliance otanienne demeure irremplaçable. Irremplaçable, et surtout la plus forte au monde.
A Biden de nous rassurer et surtout de nous le prouver.
Macron n’a fait que déceler, au sens littéral du terme, des vérités d’évidence qui fâchent !
Vérités conjoncturelles certes, mais bien plus profondément structurelles. Trump les avait dénoncées pour mieux les noyer. Le triste constat de Macron était précisément de lui administrer un électro-choc.
Macron sait fort bien combien l’Europe a besoin d’un OTAN fort, rapide et agile, condition impérative à une défense européenne forte et subséquemment à une Europe intelligente et hardie. Sa réflexion n’était pas dénuée d’un certain fondement  quant à la place de l’OTAN dans le dispositif allié.
Ni concurrente, ni vassale, Biden devra accepter une défense européenne autonome mais arrimée à l’OTAN et aux USA. Nonobstant ces imperfections, l’article 5 demeure toujours sa pierre angulaire.
Nous attendons de Biden qu’il clarifie sa position et dans le sens le plus ferme possible en cas d’agression cyber contre un des membres de l’OTAN.

Réparer, puis inventer. Le problème Otanien est intéressant à au moins quatre niveaux, il faudra en tenir compte :
– La stupidité de Trump. 29 états ne peuvent être pris en otage par un seul Etat. Biden devra donc accepter de revoir aussi le mode de gouvernance de l’Alliance. Constatons une fois de plus que le Général de Gaulle eut simplement tort d’avoir trop tôt raison.
Et reprenons à ce sujet la brillantissime formule (omme à son accoutumée) d’Alain Duhamel : « Il y avait eu le Général dont la légitimité s’imposait comme une Pentecôte, l’Esprit Saint descendant du ciel vers les apôtres. »12
– Le fait est que l’Europe découvre qu’il n’y a plus une parfaite identification de ses intérêts avec ceux de son ex-suzerain américain.
– L’Europe est désormais–au moins partiellement–moins dépendante des USA.
– Last but not the least parce que le contexte idéologique, géographique, économique qui a présidé à la création de l’OTAN n’a objectivement plus grand-chose à voir avec la situation actuelle. En somme, l’on pourrait- presque- transformer la célèbre formule nietzschéenne et dire : « Comment veux-tu rester mon ami si tu n’es pas capable d’être mon ennemi ! »

Rappelons la délicieuse formule de Lord Ismay expliquant la création de l’OTAN.
«To keep the Americans in, the Russians out and the Germans down. »

Macron n’a donc fait que constater qu’aucun des trois sommets du triangle n’occupe aujourd’hui dans la scène géopolitique la même place qu’avant-hier. Et le tonitruant silence du nouvel acteur est assourdissant. Il est désormais  fracassant dans la vicomté occidentalo-démocratique. « Ainsi l’Europe serait donc devenue « notre ennemie ». Tel est l’offertoire qui se retrouvait à chaque page de l’antiphonaire de l’ancien président Trump.
A Biden d’effacer ce souvenir hideux. A Biden d’emprunter la pédagogie du Roosevelt de 1940. Bien sûr les années 40, ne sauraient en aucune façon, être comparées à notre époque.
Et nous insistons fermement sur ce point. Pour autant nous attendons de Biden une version rajeunie et modernisée du fameux « discours sur le tuyau d’arrosage. »
Cette obsession de Trump a été parfaitement décrite par son ancien Conseiller à la Sécurité pourtant réputé, faucon parmi les faucons.
« …a very serious conversation » in the American Republican party about how to « fix the damage that he [Donald Trump] has done ».
« Donald Trump is an aberration on the American political scene, »
“…but he’s made it much, much worse and I think his disappearance from the political scene will be a big, big plus. »
13

L’OTAN est probablement le lieu géométrique ou la politique étrangère de Trump a commis le plus de dégâts. L’Otan est peut-être la scène où Trump a, provisoirement ? durablement ? affaibli la puissance américaine. Ce qui représente quand même un inconvénient majeur si l’on considère que le but de toute politique étrangère est de rendre un pays plus sûr, plus puissant qu’au début d’une présidence.
Ou pour prendre un élément relevant du soft power : plus respecté.

L’OTAN est à la fois le théâtre où se rencontrent malgré tout les plus grandes coopérations militaires, le forum de discussions politiques, l’observatoire privilégié au sein de l’Alliance Atlantique et aussi en même temps, l’agora où éclatent les divergences retentissantes.
On laissera ici de côté le lancinant et antédiluvien problème turc.
Pour contrer la Chine dont les tentacules avancent désormais non masquées jusqu’en Grèce et en Italie, les USA auront impérativement besoin du concours de l’OTAN et de … l’Europe. Occulter l’accoise objective de dissensus structurels est certes un problème, l’ignorer est mortel, l’hypertrophier stupide   .
Ne commettons point l’erreur de croire qu’il y a mêmement une parfaite similitude, voire symbiose entre les USA, l’Otan et l’Europe. Non il n’y en a pas ; car si les valeurs sont à quelques kappis près identiques, leurs intérêts divergent et divergeront durablement.
Et il en va ainsi bien évidemment à propos de la Chine. Nous mettons le Président Biden en garde. Contenir certes ; mais ne pas lui refuser de jouer pleinement son rôle. Ni dupe, ni complaisant mais l’insérer pleinement dans la géopolitique mondiale. A trop idéologiser l’antagonisme, Biden la braquera inutilement et il amoindrira le support européen.
Pour autant l’accord de « principe » sur les investissements conclu en Décembre 2020 entre la Chine et l’UE n’est pas un signe encourageant cette fois-ci. Outre le fait qu’il comporte de nombreuses zones d’ombre pour l’Europe, il était prématuré, nous semble –t-il, d’aller à la négociation sans les américains.

Nous avons, fièrement, salué la décision- révolutionnaire- de notre Présidente Ursula von der Leyen de vouloir une Commission Géopolitique. Pour autant, il nous semble que cet accord est une mauvaise manière faite aux relations transatlantiques.
De la même façon les perceptions des évolutions dans la zone indo-pacifique ne se recouvrent pas totalement. L’Europe a vocation à se préoccuper de cette région et doit participer aux discussions quant à une éventuelle extension en mer de Chine.
Cette région est déjà la plus surarmée au monde ; c’est là que les menaces les plus dangereuses se précisent. L’Europe y a des intérêts importants, Biden ne saurait ignorer l’Europe.

Il est cependant un élément de la politique étrangère de Biden qui va changer lof pour lof : le soutien américain au Brexit. Disons le rapidement, le commerce Biden-Johnson s’apparentera davantage à l’engagement de Nixon qui fit comprendre à Edward Heath que la relation spéciale avec la Grande –Bretagne serait désormais différente.
L’administration américaine, si elle veut rejouer le rôle d’Honest Broker- chef d’œuvre diplomatique de Henry Kissinger-, seul à même de sortir de l’impasse moyen-orientale, devra réinsérer l’Europe dans les négociations entre Israël et les Palestiniens. Nous aborderons ce sujet dans une autre partie.

L’on peut aussi raisonnablement penser que le Président Biden accordera plus d’attention aux Droits de l’Homme, sujet- en principe – central pour les Européens.
Certes la notion européenne des droits de l’Homme est aussi à géométrie variable comme le démontre le gazoduc Nordstream 2.

Nonobstant des dissensus sérieux à ce sujet suite à l’affaire Navalny, l’administration Biden devrait geler le retrait des troupes américaines en Allemagne. Bien sûr l’Allemagne et l’Europe n’ont plus à craindre une invasion soviétique, mais ce pré positionnement est un signal permettant de réassurer les pays baltes.
A ce sujet va se poser la question d’un éventuel élargissement de l’OTAN. Disons-le tout net, il ne nous semble pas revêtir un caractère urgent.
Mais nous attendons de Biden qu’il aille plus loin qu’Obama qui déclarait que le cyberespace est « vital pour ses intérêts nationaux. »
A cet égard compte tenu de l’expertise acquise dans la cyber guerre par la Chine et la Russie, nous conseillons vivement à Biden de déclarer que toute attaque cyber contre un membre de l’OTAN tombera sous le coup de l’article 5.
Nier la responsabilité de Trump dans l’aggravation de la dégradation des relations transatlantiques relève d’un parti pris idéologique que nous ne partageons point. Lui attribuer, et à lui seul, l’état des lieux est faire preuve d’ignorance historique et de lacunes stratégiques.
Si le phénomène n’est pas nouveau cela signifie qu’il recouvre donc de vrais problèmes. Il reviendra donc à Biden de réinventer un autre OTAN bis. À Biden, mais cette fois-ci avec le concours actif des Européens. Les Américains ayant été, au sortir de la guerre, les seuls détenteurs de l’armement atomique, leur préséance pouvait se comprendre voire se justifier.
La tentative de directoire du Général de Gaulle en 1958 était vouée à l’échec vu l’indigence des forces françaises et l’assujettissement britannique. Le refus américain de la MLF comme codétenteur de la décision ultime était donc logique.
Quand bien même Kennedy dans une vision, aussi généreuse que naïve, voulut une collaboration la plus étroite possible entre les USA et l’Europe. Adonc, comme le mentionne avec la précision du scalpel du chirurgien, Henry Kissinger qui  écrivit avec sa vista habituelle des 1965 :
« Au cours des dernières années des querelles de plus en plus vives entre les alliés sont venues battre cette espérance en brèche. On est frappé de constater quel désaccord règne à propos des questions les plus importantes. Sur le continent on craint la conclusion d’un accord bilatéral entre les USA et l’URSS. Le point de vue des USA et de la Grande-Bretagne sur le désarmement est rejeté par la France, accueilli avec méfiance et appréhension par la République Fédérale. Les USA trouvent en Europe peu de soutien à leur politique asiatique ou latino-américaine… »
« Des problèmes fondamentaux de doctrine stratégique sont restés sans solution. La question du contrôle nucléaire menace de diviser l’Alliance. »
15

« Pour la première fois depuis la guerre on s’attaque ouvertement non pas seulement à la réalisation technique des plans américains mais à la validité des conceptions américaines. Nos opinions en matière de stratégie ne sont plus acceptées sans discussion… »16

« L’Alliance Atlantique a trouvé devant elle deux questions assez semblables à celles que toute société occidentale doit résoudre dans le cadre de ses affaires domestiques : Quel degré d’unité désirons nous ? Quel degré de pluralisme pouvons-nous supporter ? Une conception trop formaliste de l’unité risque de détruire chez nos alliés le sens de leurs responsabilités. Une insistance trop absolue sur le particularisme national aboutirait forcément à une fragmentation de tout effort commun. » 17

Dear Henry pourrait reprendre mot pour mot ces quelques lignes tant leur actualité demeure brulante. Il suffirait juste d’accoler à l’URSS, la Chine et de rajouter la problématique iranienne. Car rien n’a véritablement changé dans la nature des liens transatlantiques. L’Otan n’est pas le duché des américains, il est l’apanage de ses 29 Compagnons !
Ni Biden ni l’Europe, ni la France qui est dans la chose militaire et stratégique aujourd’hui le vrai « Primus Inter Pares »en Europe, ne feront l’économie de ce dilemme. Il est tout à la fois l’éperon bienvenu, le moteur tantôt rugissant tantôt simplement ronronnant, tantôt toussotant voire calant, mais aussi le frein qui se rappelle à nous.

L’alliance porte en elle comme en bonne dialectique hégélienne : le Da Sein et le An Sein.
Et elle le porte malgré la bonne volonté des plus europhiles ou des plus otaniens du côté américain et du côté européen des plus américanophiles.

Il est de l’intérêt bien compris de Biden d’accepter que la France–force nucléaire oblige, ombre portée et toujours scintillante du Général–ait une politique volontaire parfois disruptive mais finalement toujours utile. Un pilier proprement européen au sein de l’OTAN est un atout.
À mesure que les parages africains  deviennent la cible ensanglantée des djihadistes, il serait sage que l’administration américaine accroisse encore davantage son aide à l’armée française notamment au Sahel.

À mesure que la puissance européenne s’éploie et se confronte économiquement aux intérêts américains, le « doux commerce » devient un peu moins doux. Si une saine concurrence commerciale est bien entendu justifiée, elle doit être contenue dans un cadre bien défini.
Biden en a la volonté ; en a-t-il la possibilité face à la conjonction des ouvriers américains de la « Rust Belt » et à la résistance des élus républicains ?
Il n’est pas non plus sain que le capitalisme américain porté aux nues par les dérives ultra-libérales, s’éloigne par trop du capitalisme rhénan.

C’est d’ailleurs ce qu’avait prédit Kissinger : « Plus la détente se développera plus la nécessité se fera sentir de transformer l’alliance, de muer ce concept défensif qu’elle est actuellement en une organisation politique se définissant par des objectifs positifs. Le besoin de se défendre contre une menace militaire perdra bientôt de sa force en tant que lien politique. Les négociations avec l’Est se révèleront corrosives à moins qu’elles n’aillent de pair avec la création de buts politiques communs et d’institutions pour les incarner. Bref ce qu’il faut, c’est passer de l’Alliance à la Communauté. »18

Désormais et quoi qu’il advienne Joe Biden devra affronter cette spécificité otanienne. Les USA conçoivent l’OTAN dans le meilleur des cas comme un orchestre dont ils demeurent le chef incontesté–ce qui n’est pas totalement anormal, quand l’Europe l’envisage comme un orchestre dont la mission est de lui permettre d’interpréter sa propre partition. Que chacun revendique–même avec grande accoise, le rôle de prima dona n’est en rien anormal.

Joe Biden sera dans la parfaite continuité du Kerdos américain tel que défini par Obama : « But whether it’s our fight to degrade and destroy the terrorist network known as ISIL, or to contain and combat the Ebola epidemic in West Africa, the one constant –- the one global necessity –- is and has been American leadership.” 18 Pygmalion ayant tout appris à son élève, celui-ci pense pouvoir s’affranchir. La complexité du monde entraîne obligatoirement des intérêts à tout le moins divergents, dont l’eau forte induit des rivalités acidulées.
L’ancien Vice-Président d’Obama a d’ailleurs déclaré que l’Alliance Atlantique était la « pierre angulaire » de la sécurité collective.
Gageons que le Président Biden inscrira son action dans la politique d’Obama et de son vice-président. Obama avait ainsi écrit : « Nous ne pouvons pas forcer les autres pays à adopter nos priorités. Il faut leur montrer que nous tenons compte de leur point de vue  ou au minimum que nous sommes capables de les situer sur une carte. » 19 Difficile d’être plus kissingérien dans la méthode tant il lui fût reproché son empathie excessive vis-à-vis de ses adversaires-partenaires.

Joe Biden, europhile convaincu, ne l’ignore pas. Il devra les gérer pour en écrêter les pointes. Quant à croire que le mur de béton des intérêts américains et de leur cuirasse protectionniste disparaîtra par la bonté d’âme du nouveau Président, l’Europe se prépare à d’amères désillusions.
Car paradoxalement nos relations avec les USA seront certes plus fluides, plus souples, plus amicales et même plus élégantes, mais une Amérique, désormais à nouveau, plus assurée de son rôle dans le monde compliquera possiblement nos rapports.
Tout europhile qu’il est, Biden ne reculera surement pas devant certains dissensus. A cet égard, il sera plus difficultueux de s’opposer frontalement à Biden tant sur la forme grâce ou à cause de sa courtoisie et sur le fond car Biden va réoccuper  les territoires délaissés par Trump.
D’une certaine façon, et certes contre son  intention, Trump aura été- paradoxalement-le meilleur allié de l’Europe grâce ou à cause de son hostilité forcenée à notre encontre.
Des deux côtés, une relation loyale, fidèle et décrispée ne fera pas disparaître nos dissensus.
Ajoutons à cela que Macron, suivi de ses pairs européens, pousse de tous ses feux pour l’équivalent d’un « buy americana act » des marchés publics.
Considérons un instant prendre les choses sous l’angle de la politique intérieure américaine. Elles ont aussi leur incidence sur les relations internationales.
Biden représente aussi, pour toutes sortes de raisons, les électeurs de la « Rust Belt » Soyons assurés qu’il ne vouera pas aux gémonies le socle électoral de Donald Trump. Biden n’est pas que l’élu de l’élite WASP  de la côte est des USA. Il ne peut se permettre de négliger ces « cols bleus » durement frappés par la mondialisation, la robotisation et les menées chinoises.

Sur ce plan là, il y a une certaine convergence entre les électorats de Bernie Sanders, Donald Trump et Joe Biden. Le temps des élites aristocratiques américaines – si parfaitement représentées- par Dean Acheson, Arthur Schlesinger, Kennedy, Kissinger ou Bush est provisoirement mise–hélas–sous le boisseau.
Il fût un temps- béni des dieux- où à Boston les Cabot-Lodge, famille de diplomates s’il en est- ne parlaient à personne ; mais les Cabot ne déniaient  pas non plus considérer les Lodge ! Ô tempora,Ô mores !
Mais cet électorat pèsera de toute son influence sur l’évolution des relations commerciales entre l’Europe et les USA  ( l’on se rappellera à cet égard l’influence du lobby agricole sous la présidence Reagan lors de l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques).
Il faudra donc s’attendre- peut-être- malgré la bonne volonté de Biden à un accroissement sinon des frictions en tout cas des tensions.
Il faut donc réinventer l’OTAN. Certes Henry Kissinger avait déjà entamé cette réforme en 1974 en élargissant son champ d’application géographique, ses domaines d’intervention avec l’AIE et le fameux partage du fardeau financier. Puis–dans son discours d’adieu, il avait prévenu que les Américains étaient appelés à diminuer leur présence en Europe.

On ne saurait être plus clair !

De la même façon le président Obama avait admonesté le Premier Ministre britannique David Cameron, et à travers lui, les leaders européens en les avertissant que les USA n’avaient pas vocation à pérenniser leur Kalogamathia si les Européens n’atteignaient pas le seuil critique du fameux 2 % consacré au budget de la défense.
Rappelons tout de même qu’à cette époque, l’OTAN comptait 3 membres qui remplissaient cette condition ; ils sont désormais 10.

Jan Stoltenberg vient d’ailleurs de rappeler dans une récente intervention à Sciences-Po Paris que Biden, ayant été le vice-président d’Obama, suivra bien entendu cette ligne qu’il partageait.
« As I’ve said before, Europe is America’s closest partner. Europe, including the European Union, is the cornerstone of our engagement around the globe. We are more secure and we are more prosperous, the world is safer and more just when Europe and America stand as one.”
“In closing, I just want to say to Presidents Van Rompuy and Barroso as you prepare to conclude your tenures later this year, thank you for all the outstanding work that you’ve been able to do together. We have gone through some very rocky waters. We’ve persevered through some very difficult economic times. But throughout this process we’ve been able to deepen the ties between the European Union and the United States. »
20
Reconstruire les liens signifie certes que Biden doit maintenir la pression quant à l’objectif des 2 % mais que le Président des États-Unis doit accepter de mieux et davantage accepter que les efforts budgétaires consentis par les membres de l’OTAN et de l’Europe profitent davantage aux industries de défense européenne.

Défense européenne n’implique pas pour autant de remplacer les programmes NATO ou américains. Le partenariat Europe –Nato devra être renforcé au sein d’une nouvelle structure politique en tant que de besoin.
Il n’est pas admissible en effet non plus que Biden use comme Obama en son temps et en abuse comme Trump de concurrence déloyale vis-à-vis des industries européennes.

Si la sujétion d’après-guerre pouvait se justifier, vu la faiblesse de l’Europe, elle ne saurait exister aujourd’hui. Biden devra l’intégrer dans sa politique étrangère. Il devra aussi assurer, bien davantage,  une interopérabilité des moyens de cyber guerre. Le partage des renseignements des Five Eyes devra- au moins dans une certaine limite- être étendu à l’Union Européenne. À cet égard, Biden, doit donner l’assurance que les écoutes téléphoniques pratiquées par Obama à l’encontre d’Angela Merkel, seront désormais bannies.
Biden doit s’engager, en ce qui concerne le cyber, dans un programme de résilience partagée. Cela concerne bien sûr les données militaires et économiques mais au moins autant ce qu’il est désormais convenu d’appeler les résiliences sociétales et informationnelles. Toute cyber attaque contre une élection d’un pays doit faire l’objer d’abord d’un partage de renseignement puis d’une défense commune. S’attaquer aux valeurs démocratiques d’un pays doit aussi être défendu par les membres de l’OTAN.
Biden devra participer à la création d’un Conseil de la résilience transatlantique comme il existe dans d’autres domaines.

L’Otan naquit dans un climat de guerre froide pour répondre aux visées agressives de l’Union Soviétique. La guerre froide que nous connaissions a disparu avec la chute de l’Empire Soviétique. Elle tend à renaître aujourd’hui sous la férule chinoise, sous une forme idéologique, certes moins affirmée et moins précise (encore que). Le fait qu’il n’y a pas de frontière commune entre la Chine et l’Europe crée pourtant de nouvelles menaces. Elles revêtent un caractère polychrome. Les USA doivent intégrer dans leur calculus qu’ils ne sauraient s’opposer victorieusement à la Chine en négligeant les intérêts européens. Ce sera tout sauf facile pour les USA qui sont habitués aux conflits bien tranchés, parfaitement idéologisés, impeccablement structurés.

L’ « axe du mal », pour reprendre le goût des formules présidentielles, un peu courtes, de Georges Bush Junior !
Une des principales différences est que Biden a parfaitement compris que les conflits avec la Chine et la Russie menacent en fait tout autant l’Amérique que l’Europe. Vouloir désarrimer l’une de l’autre est illusoire et affecte nos sécurités des deux côtés de l’Atlantique.
Cette discordance est fondamentale. Elle va au-delà du symbole et de l’illusion qu’avaient pu entretenir Trump quant à l’influence de ses relations privilégiées avec les apprentis dictateurs. La mondialisation économique est aussi une mondialisation de la menace. Or le monde actuel dont la caractéristique principale est d’être un monde de                « fragmégration », un monde d’incertitudes, un monde de zones grises n’est pas exactement celui où les Américains se sentent à l’aise sinon excellent. « Shock and Awe » a pu–peut-être- répondre aux dangers d’une autre époque, il n’est pas celui dans lequel les puissances mondiales ou régionales évoluent aujourd’hui.

Biden devra impérativement intégrer ce facteur de divergence et le surmonter. Il a été très facile à Biden- comme annoncé- de réintégrer les accords climatiques de Paris ; réintégrer l’OMS est une décision de simple bon sens. Il est probable que les USA réintègreront relativement rapidement leur siège à l’UNESCO. Il est également probable que l’administration Biden règlera les arriérés de cotisation à l’ONU.
La prolongation pour cinq ans du Traité New Start est également une initiative tout à fait positive et qui va dans le sens souhaité par les Européens.

Vouloir taxer les multinationales et transnationales en fonction d’une plus juste prise en compte de leurs activités dans les différents pays ne saurait être considéré comme un acte de guerre justifiant des représailles.
Biden va trouver sur le Resolute Desk le dossier brûlant des GAFAMI. S’il ne s’agissait que d’un dossier concernant les seuls intérêts américains nous n’aurions aucun commentaire particulier à formuler. Il s’agit en fait d’un dossier brûlant. Dossier brûlant qui commence à coûter fort cher à l’Europe. Que des taxes désormais astronomiques échappent aux différents pays européens est certes fâcheux, cependant et nonobstant le manque-à-gagner ce n’est pas le moindre inconvénient.
Car il ne s’agit pas que de problèmes financiers. La protection des données, si chère aux Européens, ne revêt pas la même importance aux USA. Ce sera une vraie pomme de discorde.

Là où le bât blesse et il blesse fortement c’est que c’est un instrument de Soft Power américain qui porte atteinte– quand bien- même subrepticement– à la souveraineté européenne. Atténuer et non pas anesthésier cette acromégalie fera partie des 12 travaux d’Hercule du nouveau président américain. Il est vital que les Européens se saisissent du problème car il est le véhicule et le carburant de la future mésintelligence : l’intelligence artificielle et le datamining.
Il existe une structure qui gère cette problématique : le T12. Bide serait avisé de développer la coopération parmi ses douze membres. Biden doit bâtir à ce sujet une véritable alliance numérique.
L’Europe ne saurait déserter ce champ de bataille, l’Amérique  malgré toutes les bonnes intentions de Biden ne fera, sur ce sujet aussi et peut-être surtout- aucun cadeau à la « vieille Europe ».

Biden devra donc avoir le courage de supprimer au moins l’ampleur de ces mesures. Le voudra-t-il ? Très certainement. Le pourra-t-il cela nous semble tout sauf évident. Ne rêvons point, Biden ne reviendra pas, par un coup de baguette magique, à une levée de toutes les mesures protectionnistes à l’encontre de l’Europe. D’abord parce qu’il n’est pas sûr qu’il le souhaite lui-même. Néanmoins il sera aussi jugé dans sa politique européenne à ce trébuchet.

Si bien entendu, il est heureux que les USA désertent le climat euphorique et naïf qui a précipité l’entrée de la Chine à l’OMC en 2001, Bush regnante, si pour une fois nous dédouanons Trump en cette affaire hâtive et mal conclue, nous ne pouvions qu’être abasourdis et catastrophés devant les tweets outrageusement flagorneurs de Trump envers la Chine et ce jusqu’au 28 février 2020.

Si nous ne pouvions qu’être littéralement dans un état de sidération par l’attitude inutilement provocatrice car contre-productive de Trump envers le « grand leader chinois », nous ne pouvons que manifester notre plus vive inquiétude et notre profond courroux envers les premières mesures tarifaires de la nouvelle administration Biden. Certes ses propos de campagne ne lassaient pas de nous alerter.

Et nous avons bien compris que la douce brise du libéralisme tarifaire cède la place aux vents violents et mauvais, aux bourrasques du nationalisme annonciateur de conflits.

À cet égard nous avertissons solennellement Joe Biden quant aux conséquences malheureuses que son décret du 25 janvier entraînera.  “I don’t but for one second that the vitality of American manufacturing is a thing of the past,” “American manufacturing … must be part of the engine of American prosperity now. That means we are going to use taxpayers’ money to rebuild America – we’ll buy American products and support American jobs.” 20

Biden va même jusqu’à reprocher à Trump d’avoir été trop laxiste en cette affaire. “rebuild America” was to ensure that the $600 billion the government spends annually on procurement goes towards supporting American – not foreign – jobs and businesses”. 21

Biden considère de même que la barre des 50 % de composants américains pour accorder à un produit le brevet de « nationalité » américaine n’était pas assez haute.
Une sainte alliance se dessinerait-elle donc de Trump à Biden en passant par Bernie Sanders ?
Ursula von der Leyen doit y prêter attention. Sous prétexte chinois, l’Europe ne saurait servir de sparring partner sinon de victime expiatoire.
Il est urgent que les dirigeants américains se rendent compte-avant d’y remédier- que si leurs concitoyens précient tant et s’éjouissent à ce point des automobiles allemandes, c’est non pas à cause de leur prix -au demeurant élevé- mais tout simplement parce que « Deutsche Qualität » n’est pas un vain mot !

Rendons donc grâce à–Voltaire de nous avoir prévenu. « Mon dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge. » Par charité chrétienne, nous mettrons cette errance peccamineuse sur l’autel sacrificiel des électeurs de la « Rust Belt ».

Joe Biden devra donc impérativement réactiver l’Otan car les challenges s’accumulent et s’accélèrent dangereusement. Il sera intéressant à cet égard de connaître sa position sur l’initiative NATO 2030 qui repose sur trois piliers.
– Un OTAN plus fort militairement donc plus dispendieux et gourmand en finances.
– Un OTAN politiquement plus fort donc implicitement un OTAN où responsabilités et rôles sont davantage partagés. 70 ans après sa création l’OTAN doit quitter l’âge de l’adolescence fougueuse pour une vie plus mature. Même si ce mouvement avait déjà commencé. Les Européens sont désormais adultes et responsables.
– Un OTAN dont l’approche est plus globale et qui tient compte d’intérêts non exclusivement américano ou européo-centrés.

Plus fort militairement implique, une plus grande résilience, une plus grande interopérabilité et une plus grande indépendance. Cela signifie bien entendu une autonomisation plus affirmée de la structure politique de l’OTAN. Ce qui n’ira pas sans problème vis-à-vis des gouvernements tant des États-Unis mais aussi de l’Europe. L’on connaît le mot si savoureux de Foch : « J’ai beaucoup moins d’admiration pour Napoléon depuis que j’ai commandé une alliance. »

Il faudra pourtant qu’il y ait davantage d’alliance dans l’Alliance Atlantique. Si Biden veut–à raison–enrégimenter l’Europe dans sa résistance–justifiée–à la Chine et notamment Huawei et à la norme 5G, cela ne se ne peut se faire qu’en renforçant une vraie coopération avec l’Europe.

Tant que le partage industriel ne se fera pas de manière plus juste, plus équilibrée, plus intelligente, alors l’harmonisation–nécessaire– des armements restera un objectif hélas illusoire, lointain, tellement lointain. Que Biden oublie Sisyphe et qu’il garde fermement le cap sur Ithaque !
A ce sujet il faudra trouver une solution quant aux drones. De deux choses l’une, ou bien l’on se dirigera vers un partage équitable de cet armement du futur( déjà présent ) avec un égal et réel accès à la conception et à la réalisation ou bien Biden devra accepter un véritable Airbus des drones sans y voir un concurrent.

Un Otan plus fort politiquement signifie rechercher une approche commune sur de nombreux sujets. Le climat et l’écologie n’en sont cependant que les plus faciles à atteindre. Ils sont la face émergée de l’iceberg. Ils sont en effet le bien commun d’à peu près toute la planète.

Résoudre le conflit ancestral de la Turquie et de la Grèce est un serpent de mer. Laisser s’étriper les deux exactieux ne peut que rendre félícieux la Chine et la Russie.  Tertius Gaudens !

La sollicitude de Trump envers le dirigeant illibéral Erdogan ne saurait continuer impunément.
Ce talon d’Achille soigneusement entretenu par la Russie et la Chine est en effet une pomme de discorde structurelle au sein de l’OTAN. Certes Grèce et Turquie ne sont pas encore tout à fait sur le point de rejouer le conflit Chypriote de 1974. Il n’empêche ! L’attitude de certains membres de l’Alliance dont l’Allemagne dont les liens économiques et l’immigration turque ne sauraient ni excuser ni pardonner le comportement envers la France lors de l’affaire de la frégate du Courbet, ne saurait se reproduire sans dégâts.
Saluons en cette affaire la courageuse réaction de la position française. Macron a su s’élever, là aussi au niveau d’un leader mondial. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Rappelons à cet égard son coup magistral lors du Sommet de Biarritz lorsqu’il invita- à la surprise de Trump- le ministre des Affaires Etrangères iraniennes. D’aucuns l’ont gaussé, d’autres l’ont critiqué- violemment et injustement- ; il n’empêche la France en récoltera les dividendes dans le futur.

Turquie, Libye, Afrique, Iran, routes de la soie chinoise, Ukraine, Crimée, affaire Navalny, Moyen-Orient la liste est longue des divorces qui sont autant d’occasions d’orchestrer tant de constantes déquiétudes.
Un Otan politiquement plus fort implique des deux côtés de l’Atlantique une retenue dans la gestion de nos divergences. Nous avons appris, nous Européens, tantôt avec une intelligente patience, tantôt sous l’effet de cygnes noirs- par définition imprévisibles- et plus souvent grâce à des crises aiguës voire aigres mais structurelles à gérer nos différences au sein de l’Union.

Il faudra donc que l’équipage américain et le délicat mais harmonieux tandem européen Ursula von der Leyen et Charles Michel fassent de même. Ne désespérons donc ni de Billancourt, ni de Biden. Après tout Alexis de Tocqueville n’écrivait-t-il pas :
« It is natural that the love of equality should constantly increase together with equality itself, and that it should grow by what it feeds on. » 23

Dans ce qu’il convient désormais d’appeler sa résistance à la Chine–après tout l’Europe- avait elle aussi qualifié la Chine de « rival systémique » et ce avant les USA.

Biden devra comprendre qu’il ne peut gérer seul le « péril chinois » et bien entendu lui résister voir le ramener dans les clous d’une coopération–compétition. Nous n’avons guère de doute à ce sujet tant il a prouvé lors de sa longue carrière son souci manifeste à ce sujet.

Quelques miscellanées en guise de conclusion.

Dans ce labyrinthe de problèmes qui sont réels mais pas inextricables, faisons appel à Platon.
« Dieu voulant réconcilier les deux ennemis et ne pouvant y réussir les y  attacha tous deux par leurs extrémités »
Face à la menace chinoise, il est temps. Il est encore temps.
Rappelons-nous les propos de celui qui fût à la fois un diplomate hors de pair et contrairement à sa légende un homme d’Etat responsable, profondément épris de stabilité et d’équilibre et tout le contraire d’un va-t’en guerre :
« Il faut savoir agripper les pans du manteau de l’Histoire lorsque celui-ci nous fait la grâce de passer à portée de main. »
Soyons donc confiants et rappelons nous la délicieuse constatation de Sir Winston Churchill :
« Les américains après avoir essayé toutes les solutions finissent toujours par prendre la bonne décision. »

Lors d’une récente conférence tenue à l’IFRI, Henry Kissinger, orfèvre en la matière, réaffirmait « qu’il ne pouvait voire effacer le rêve de sa vie : une communauté de destin et de valeurs entre l’Europe et les Etats-unis. »


Leo Keller
Neuilly le 11/02/2021

Notes

1 Raymond Aron in La République Impériale
2 Ibid p10
3 Ernest Renan in La Réforme intellectuelle et morale de la France
4 Richelieu in Testament politique
5 Alexis de Tocqueville in de la Démocratie en Amérique
6 In the Guardian 28/05/2017
7 Racine in Alexandre
8 Henry Kissinger in Le Chemin de la Paix
9 Gérard Araud in Passeport Diplomatique
10 Harold Mc Millan in discours au Cap du 3 Février 1960
11 Henry Kissinger in Les malentendus transatlantiques P 19
12 Alain Duhamel in Emmanuel Le Hardi p 210
13 John Bolton interview 19/01/2021
14 Henry Kissinger in Les malentendus transatlantiques
15 Henry Kissinger ibid
16 Henry Kissinger ibid
17 Henry Kissinger ibid
18 Obama APEC Summit 2015
19 Obama in une terre promise p 558
20 Obama propos tenus lors d’un Nato Summit in Washington Post 25/10/2016
21 Déclaration Biden
22 Déclaration Biden
23 Alexis de Tocqueville in Democracy in America

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