"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE

juin 9, 2023

chateaubriand 3
Chateaubriand , Napoléon, Talleyrand

Chateaubriand , Napoléon, Talleyrand

Lorsque dans le silence de l’abjection, l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur; lorsque tout tremble devant le tyran, et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples.
C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’Empire ; il croît inconnu près des cendres de Germanicus et déjà l’intègre Providence a livré un enfant obscur la gloire du maître du monde.
Bientôt toutes les fausses vertus seront démasquées par l’auteur des Annales ; bientôt il ne fera voir dans le tyran déifié que l’histrion, l’incendiaire et le parricide: semblable à ces premiers chrétiens d’Egypte, qui au péril de leurs jours, pénétraient dans les temples de l’idolâtrie, saisissaient au fond d’un sanctuaire ténébreux la Divinité que le Crime offrait à l’encens de la Peur, et traînaient à la lumière du soleil, au lieu d’un Dieu, quelque monstre horrible.

In le Mercure de France 4 juillet 1807


De Buonaparte et des Bourbons et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes pour le bonheur de la France et de l’Europe.

Bonaparte est un faux grand homme : la magnanimité qui fait les héros et les véritables rois, lui manque. De là vient qu’on ne cite pas de lui un seul de ces mots qui annoncent Alexandre, César, Henri IV, Louis XIV.
La nature le forma sans entrailles. Sa tête assez vaste est l’empire des ténèbres et de la confusion. Toutes les idées, même celles du bien, peuvent y entrer, mais elles en sortent aussitôt.
Le trait distinctif de son caractère est une obstination invincible, une volonté de fer, mais seulement pour l’injustice, l’oppression, les systèmes extravagants ; car il abandonne facilement les projets qui pourraient être favorables à la morale, à l’ordre et à la vertu.
L’imagination le domine et la raison ne le règle point. Ses desseins ne sont point le fruit de quelque chose de profond et de réfléchi, mais le fait d’un mouvement subi et d’une résolution soudaine. Mobile comme les hommes de son pays, il a quelque chose de l’histrion et du comédien. Il joue tout, jusqu’aux passions qu’il n’a pas : il est toujours sur un théâtre.
Affectant l’universalité du génie, il parle de finances, de spectacles, de guerres, de modes, règle le sort des rois et celui d’un commis de barrière, date du Kremlin un règlement sur les théâtres, et le soir d’une bataille fait arrêter quelques femmes à Paris. Enfant de notre Révolution, il a des ressemblances frappantes avec sa mère ; intempérance du langage, goût de la basse littérature, passion d’écrire dans les journaux. Sous le masque de César et d’Alexandre, on aperçoit l’homme de peu, et l’enfant de petite famille. Il méprise souverainement les hommes parce qu’il les juge d’après lui.

In Mémoires d’Outre-Tombe

Monsieur de Talleyrand


Monsieur de Talleyrand a trahi tous les gouvernements et, je le répète, il n’en a élevé ni renversé aucun. Il n’avait point de supériorité réelle, dans l’acception sincère de ces deux mots. Un fretin de prospérités banales, si communes dans la vie aristocratique, ne conduit pas à deux pieds au-delà de la fosse. Le mal qui n’opère pas avec une explosion terrible, le mal parcimonieusement employé par l’esclave au profit du maître, n’est que de la turpitude.
Le vice complaisant du crime, entre dans la domesticité. Supposez Monsieur de Talleyrand plébéien, pauvre et obscur, n’ayant avec son immoralité que son esprit incontestable de salon, l’on n’aurait certes jamais entendu parler de lui. Ôtez de Monsieur de Talleyrand le grand seigneur avili, le prêtre marié, l’évêque dégradé, que lui reste-t-il ? Sa réputation et ses succès ont tenu à ces trois dépravations.

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commentaires

Une réponse

  1. Réponse (anticipée) de Talleyrand : « Chateaubriand se croit sourd depuis qu’il n’entend plus parler de lui. »

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