"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE

juin 9, 2023

guillaume apollinaire
Deux poèmes bouleversants et sublimes de Guillaume Apollinaire

Deux poèmes bouleversants et sublimes de Guillaume Apollinaire

L’adieu
J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t-en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Si je mourais là-bas
Guillaume Apollinaire

Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l’étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace
Comme font les fruits d’or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L’amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

L a nuit descend
O n y pressent
U n long destin de sang

Nîmes, le 30 janvier 1915

Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

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commentaires

Une réponse

  1. « Si je mourais là-bas » est le chef-d’œuvre d’Apollinaire, l’apothéose sublime de son œuvre. Le sang a toujours occupé une place majeure dans sa poésie. Ainsi dans son recueil Alcools :

    « La lumière est ma mère ô lumière sanglante »
    « Il vit décapité sa tête est le soleil
    Et la lune son cou tranché » etc

    Le sang, symbole de la lumière et de la vérité, de l’amour et de la passion amoureuse, en un mot de la poésie et de la vie.

    Sylvain Foulquier

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