"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
mars 22, 2023
Puisque cette dame se targue d’être férue d’histoire de France et devant sa bêtise abyssale et face au déferlement de haine auquel nous assistons, j’ ai pensé qu’un dessin valait mieux que toutes les réfutations dont je ne suis pas sûr que son esprit embrumé pourrait comprendre toutes les implications .
Qu’elle et que tous ses apprentis admirateurs veuillent donc bien relire le discours à la Chambre de Clemenceau en Juillet 1885 en réponse aux élucubrations de Jules Ferry. Ou quand la droite républicaine cloue le bec à la gauche bien-pensante !
Flaubert disait à « ceux qui calomnient leur temps par ignorance de l’histoire » !
Comprenne qui voudra et qui pourra !
Leo Keller
04 Octobre 2015
La politique coloniale de Jules Ferry »
Vous nous citez toujours comme exemple, comme type de la politique coloniale que vous aimez et que vous rêvez, l’expédition de M. de Brazza. C’est très bien, messieurs, je sais parfaitement que M. de Brazza a pu jusqu’à présent accomplir son œuvre civilisatrice sans recourir à la force ; c’est un apôtre; il paie de sa personne, il marche vers un but placé très haut et très loin ; il a conquis sur ces populations de l’Afrique équatoriale une influence personnelle à nulle autre pareille ; mais qui peut dire qu’un jour, dans les établissements qu’il a formés, qui viennent d’être consacrés par l’aréopage européen et qui sont désormais le domaine de la France, qui peut dire qu’à un moment donné les populations noires, parfois corrompues, perverties par des aventuriers, par d’autres voyageurs, par d’autres explorateurs moins scrupuleux, moins paternels, moins épris des moyens de persuasion que notre illustre Brazza, qui peut dire qu’à un moment donné les populations n’attaqueront pas nos établissements ? Que ferez-vous alors ?
Vous ferez ce que font tous les peuples civilisés et vous n’en serez pas moins civilisés pour cela ; vous résisterez par la force et vous serez contraints d’imposer, pour votre sécurité, votre protectorat à ces peuplades rebelles. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… (Rumeurs sur plusieurs bancs à l’extrême gauche. – Diverses interventions.)
» Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… (Marques d’approbation sur les mêmes bancs à gauche, nouvelles interruptions à l’extrême gauche et à droite.) La vraie question, messieurs, la question qu’il faut poser, et poser dans des termes clairs, c’est celle-ci : est-ce que le recueillement qui s’impose aux nations éprouvées par de grands malheurs doit se résoudre en abdication ? Et parce qu’une politique détestable, visionnaire et aveugle a jeté la France où vous savez, est-ce que les gouvernements qui ont hérité de cette situation malheureuse, se condamneront à ne plus avoir aucune politique européenne ? Est-ce que, absorbés par la contemplation de cette blessure qui saignera toujours, ils laisseront tout faire autour d’eux ; est-ce qu’ils laisseront aller les choses ; est-ce qu’ils laisseront d’autres que nous s’établir en Tunisie, d’autres que nous faire la police à l’embouchure du fleuve Rouge et accomplir les clauses du traité de 1874, que nous nous sommes engagés à faire respecter dans l’intérêt des nations européennes ? Est-ce qu’ils laisseront d’autres se disputer les régions de l’Afrique équatoriale ? Laisseront-ils aussi régler par d’autres les affaires égyptiennes qui, par tant de côtés, sont des affaires vraiment françaises ? (Vifs applaudissements à gauche et au centre. Interruptions.) […]
« Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l’Afrique ou vers l’Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c’est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire ; c’est descendre du premier rang au troisième et au quatrième. (Nouvelles interruptions sur les mêmes bancs. Très bien! Très bien! » au centre.)
Jules Ferry, 28 juillet 1885.Jules Ferry prononce ce discours à la Chambre quelques mois après avoir été renversé. Il fait l’éloge de sa politique coloniale, avec des références aux inégalités raciales largement partagées à son époque. C’est une manière pour lui et ses amis de refuser le « recueillement », autrement dit un relatif repli de la France sur son territoire, après la défaite de 1870 contre la Prusse. Et voici trois jours plus tard la réponse du « Tigre » « premier flic de France »
M. Clemenceau : Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n’est pas autre chose que la proclamation de la primauté de la force sur le droit ; l’histoire de France depuis la Révolution est une vivante protestation contre cette inique prétention.
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3 réponses
Certes, sauf qu’en 1885, Clémenceau loin d’être à droite (ce qu’il fut effectivement en 14-18, et même quelques années auparavant) était encore à l’extrême-gauche, du moins bien à gauche, pour ne pas dire gauche bien-pensante… 😉 !
Il critiquait déjà les gauches socialiste et anarchiste, mais représentait l’opposition de gauche au gouvernement Ferry de centre-droit…
Attention aux contre-sens historiques, sinon on finit par démontrer le contraire de ce qu’on voulait… 😉 !
Vous avez parfaitement raison mais c est précisément la raison pour laquelle j ai choisi ces deux figures atypiques pour prouver que les frontières sont beaucoup plus poreuses qu on ne veut bien le croire
Et que des hommes sont capables de sortir de leur carcan idéologique
Ce qui est hélas beaucoup trop rare
Amicalement et merci de votre suivi amical et lucide
Leo
Oui, c’est ce que j’ai failli rajouter, à la façon d’un Victor Hugo (mais pas dans le même sens), ces deux figures politiques atypiques comme vous dites si bien, ont bien mérité de la République, et ont su réaliser de grand choses (et d’autres beaucoup plus petites…), et rester fermes dans leurs décisions et non victimes de carcans idéologiques.
Une figure très décriée facilement fut celle d’Edgar Faure (immortel auteur du « ce n’est tout-de-même pas la faute de la girouette si le vent change… » ), qui pourtant fit preuve d’un courage et d’une audace politique réels parfois, et qui mérite une certaine réhabilitation.
Bien amicalement, et félicitations pour votre blog, qui même si je ne suis pas toujours d’accord avec tout, est toujours très intéressant.