"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE

mars 23, 2023

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En route pour les élections.« La liberté abrite l'abîme le plus profond et le ciel le plus sublime » Schelling

« La liberté abrite  l’abîme le plus profond et le ciel le plus sublime » Schelling

Les élections municipales en France approchent à grands pas. Galop d’essai pour les élections européennes !
Ici choix de l’éthique à Nicomaque ; là le choix de la politique selon Aristote qui disait « la politique consiste à développer l’amitié parmi les membres de la cité ».

Hélas, il semble que -sur fond de crise- on assiste une fois de plus au dévoiement de la réflexion politique. Sur fond de crise mais pas seulement.
Combien  beaux, grands et nobles étaient nos penseurs grecs ! À bien des égards nous sommes devenus le musée de notre propre passé !
Bien sûr, chacun votera dans le secret de l’isoloir en conscience. Et loin de nous l’idée de vouloir influencer le lecteur de la moindre façon.
Nous eussions cependant aimé que l’on votât en raison. Hélas depuis longtemps, trop longtemps, l’intelligence  a délaissé les préaux et les tréteaux électoraux. Deux  tristes sires que la raison a désertés  parasitent le logos.
Tous deux que la pauvreté intellectuelle de la réflexion a rendus orphelins  de la raison et que nous avons Cro-Magnon de la pensée politique appelés, polluent le débat.

Chateaubriand disait « Il faut être économe de notre mépris il y a tant de gens nécessiteux. » Laissons donc Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon encalminés dans la protohistoire.

« Souvent la foule trahit le peuple  » Victor Hugo.
Avouons – le, la République doit tant à la République patricienne.

Camus eût-il connu ces deux tristes sires il n’eût point écrit : « Il n’y a que la haine pour rendre les gens intelligents »1
Pour autant nous voulons juste éclairer le débat citoyen en vous soumettant lecteur – que nous espérons point trop fâché de cette intrusion- deux textes de Jules Ferry et Georges Clémenceau.

Jules Ferry c’est la figure emblématique d’une gauche pavée de bonnes intentions mais fourvoyée.
Clémenceau c’est la figure éponyme de la République que nous aimons !
Clémenceau, brutal comme un lansquenet, mais dont le discours est adamantin !
Clémenceau c’est la force républicaine qui surtout lorsque les choix sont complexes n’a pas peur de trancher même contre son propre camp.
Il en payera plus tard le prix lorsqu’il sera vilipendé tant par la droite que par la gauche.

« Les peuples bien qu’ignorants sont capables de vérité » 2

Et puisque je n’ai pas à parler devant une foule inculte ou devant une assemblée de rustres j’exposerai un peu plus hardiment ces études libérales que vous connaissez et que vous aimez comme moi .Sachez bien Messieurs ,que ces qualités divines et supérieures que nous voyons chez Marcus Caton  lui appartiennent en propre ;mais l’absence de certaines ,que nous déplorons parfois chez lui n’est pas due à la nature mais uniquement à  un maitre .Il est en effet un homme de génie ,Zénon ,et les adeptes de ses doctrines sont appelés stoïciens .Citons quelques exemples de ses pensées et de ses préceptes :le sage est insensible à la reconnaissance :il ne pardonne jamais les fautes d’autrui ;la compassion n’est que sottise et légèreté ;un homme digne de ce nom n’admet  ni les prières ni l’apaisement: seuls les sages sont beaux même s’ils sont difformes ,riches même s’ils sont indigents ,rois mêmes s’ils sont esclaves . »3

 

 


A toutes et à tous nous vous souhaitons d’abord une saine réflexion et aussi au-delà de l’effarement que peut vous apporter- à juste titre- le discours de Jules Ferry prononcé à la Chambre le 28/07/85 un petit sourire amusé, car Jules Ferry en dépit de ce texte fût  lui aussi un grand homme.
Un dernier mot. Lecteur lorsque vous serez dans l’isoloir, rappelez-vous Saint-Augustin      «Pour discerner en connaissance de cause le faux du vrai il faut quitter la pensée que l’on détient la vérité »

 

Leo Keller

 

Notes
1 Camus
in Caligula
2 Machiavel
3
Quintus Tullius  Cicéron   In Petit manuel de campagne électorale

 

 

 

 

La politique coloniale de Jules Ferry

 

  » Vous nous citez toujours comme exemple, comme type de la politique coloniale que vous aimez et que vous rêvez, l’expédition de M. de Brazza. C’est très bien, messieurs, je sais parfaitement que M. de Brazza a pu jusqu’à présent accomplir son œuvre civilisatrice sans recourir à la force ; c’est un apôtre; il paie de sa personne, il marche vers un but placé très haut et très loin ; il a conquis sur ces populations de l’Afrique équatoriale une influence personnelle à nulle autre pareille ; mais qui peut dire qu’un jour, dans les établissements qu’il a formés, qui viennent d’être consacrés par l’aréopage européen et qui sont désormais le domaine de la France, qui peut dire qu’à un moment donné les populations noires, parfois corrompues, perverties par des aventuriers, par d’autres voyageurs, par d’autres explorateurs moins scrupuleux, moins paternels, moins épris des moyens de persuasion que notre illustre Brazza, qui peut dire qu’à un moment donné les populations n’attaqueront pas nos établissements ? Que ferez-vous alors ?

 

Vous ferez ce que font tous les peuples civilisés et vous n’en serez pas moins civilisés pour cela ; vous résisterez par la force et vous serez contraints d’imposer, pour votre sécurité, votre protectorat à ces peuplades rebelles. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… (Rumeurs sur plusieurs bancs à l’extrême gauche. – Diverses interventions.)

 

 » Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… (Marques d’approbation sur les mêmes bancs à gauche, nouvelles interruptions à l’extrême gauche et à droite.) La vraie question, messieurs, la question qu’il faut poser, et poser dans des termes clairs, c’est celle-ci : est-ce que le recueillement qui s’impose aux nations éprouvées par de grands malheurs doit se résoudre en abdication ? Et parce qu’une politique détestable, visionnaire et aveugle a jeté la France où vous savez, est-ce que les gouvernements qui ont hérité de cette situation malheureuse, se condamneront à ne plus avoir aucune politique européenne ? Est-ce que, absorbés par la contemplation de cette blessure qui saignera toujours, ils laisseront tout faire autour d’eux ; est-ce qu’ils laisseront aller les choses ; est-ce qu’ils laisseront d’autres que nous s’établir en Tunisie, d’autres que nous faire la police à l’embouchure du fleuve Rouge et accomplir les clauses du traité de 1874, que nous nous sommes engagés à faire respecter dans l’intérêt des nations européennes ? Est-ce qu’ils laisseront d’autres se disputer les régions de l’Afrique équatoriale ? Laisseront-ils aussi régler par d’autres les affaires égyptiennes qui, par tant de côtés, sont des affaires vraiment françaises ? (Vifs applaudissements à gauche et au centre. Interruptions.) […]

 

« Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l’Afrique ou vers l’Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c’est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire ; c’est descendre du premier rang au troisième et au quatrième. (Nouvelles interruptions sur les mêmes bancs. Très bien! Très bien! » au centre.)

 

 

Jules Ferry, 28 juillet 1885.Jules Ferry prononce ce discours à la Chambre quelques mois après avoir été renversé. Il fait l’éloge de sa politique coloniale, avec des références aux inégalités raciales largement partagées à son époque. C’est une manière pour lui et ses amis de refuser le « recueillement », autrement dit un relatif repli de la France sur son territoire, après la défaite de 1870 contre la Prusse.

Et voici trois jours plus tard la réponse du « Tigre » « premier flic de France »

M. Clemenceau : Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà en propres termes la thèse de M. Ferry, et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ? races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs. Race inférieure, les Hindous ! Avec cette grande civilisation raffinée qui se perd dans la nuit des temps ! avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons encore aujourd’hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ! avec cette civilisation dont les origines sont inconnues et qui paraît avoir été poussée tout d’abord jusqu’à ses extrêmes limites. Inférieur Confucius ! En vérité, aujourd’hui même, permettez-moi de dire que, quand les diplomates chinois sont aux prises avec certains diplomates européens… (rires et applaudissements sur divers bancs), ils font bonne figure et que, si l’un veut consulter les annales diplomatiques de certains peuples, on y peut voir des documents qui prouvent assurément que la race jaune, au point de vue de l’entente des affaires, de la bonne conduite d’opération infiniment délicates, n’est en rien inférieure à ceux qui se hâtent trop de proclamer leur suprématie.

M. Paul de Cassagnac : …

M. Clemenceau : Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n’est pas autre chose que la proclamation de la primauté de la force sur le droit ; l’histoire de France depuis la Révolution est une vivante protestation contre cette inique prétention.

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