"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
juin 9, 2023
Il y a soixante quatorze ans éclatait la Guerre froide
Par Eugène Berg
25 Juillet 2021
Puis que l’on parle de plus en plus de nouvelle guerre froide entre les États -Unis et la Chine populaire, il ne paraît pas inutile de se remémorer dans quelles conditions, et quel esprit , la réelle guerre froide est intervenue. Felix qui potuit rerum cognoscre causas
En juillet 1947, l’influent Foreign Affairs, publie, sous le titre » Les origines de la conduite des Soviétiques », un article de George Kennan, qui développa les idées contenues dans son Long Télégramme, article qui deviendra si célèbre, qu’il passe pour la pierre fondatrice de toute la politique d’endiguement (containment) américaine poursuivie jusqu’ au milieu des années 1980.Dans le document NSC- 68 intitulé US Objectives and Programs for National Security, du 14 avril 1950 le containment sera défini comme une « politique de coercition calculée et graduée ».
Repris aussitôt par des médias à grand tirage, Life et Reader’ s Digest, il dénonçait la tactique soviétique de grignotage et de tension, mettait en garde contre toute politique d’apparemment de triste mémoire : « Les communistes utilisent l’intimidation, la tromperie, l’infiltration, la séduction, le chantage pour tenter de prendre le pouvoir en Grèce, en Turquie, en Italie, en France. Il faut les imiter. Nous devons aider les pays en danger et le faire savoir haut et fort. Pour contrer la subversion en Grèce, l’Amérique a besoin de trois ou quatre bateaux peints en blanc avec en gros caractères sur les flancs « Aide à la Grèce » et d’acheminer les premiers sacs de blé à Athènes dans des jeeps avec de jolies blondes assises sur le capot ».
Le principal élément de toute politique américaine doit consister à contenir patiemment, mais d’une manière ferme et vigilante les tendances expansionnistes de la Russie Les États-Unis doivent adopter une politique de fermeté et d’arrêt, destinée à opposer aux Russes une contre-force inébranlable partout où ceux-ci se montrent disposés à empiéter sur les intérêts d’un monde pacifique et stable ».
En outre ; puisque la décrépitude du monde capitaliste est la base de la philosophie communiste, les Américains doivent démontrer la vigueur et la vitalité de leur pays et de leur système sociopolitique, ce qui dissuadera l’URSS à la longue d’assiéger le monde libre ».
Puis de conclure : « D’ après ce qui vient d’être exposé, il apparaît clairement que la pression soviétique contre les libres institutions du monde occidental peut être contenue par l’adroite et vigilante application d’une force contraire sur une série de points géographiques et politiques continuellement changeants, correspondant aux changements et aux manœuvres de la politique soviétique, mais qu’il est impossible de nier l’existence de cette pression et de la supprimer par le seul effet des paroles. »
En traduisant l’article pour Staline , certains analystes soviétiques interprétèrent containment par « étrangler »- strangle, mais bien qu’ils ne l’aient pas convaincu le vojd compris la notion comme « extrêmement hostile à l’ URSS », ce qui indiquait à ses yeux que l’on s’approchait d’une confrontation militaire, d’autant plus que Kennan précisa que les dirigeants soviétiques « ne prennent pas de risques quand on les met en face de la réalité de la force militaire ».On s’approchait de l’ère des affrontements directs, car auparavant ceux-ci furent contenus, dissimulés, ou ayant empruntés des chemins de traverse. Les puissances victorieuses du IIIe Reich se divisent donc puis se mettent à organiser leurs relations à l’intérieur de leur propre sphère d’intérêts qui deviendront des sphères d’influence. Rivalité, née en Asie à propos de la Corée, qui se focalise en premier lieu en Allemagne puis s’étendit de proche en proche à tous les continents.
C’est dans cette atmosphère de guerre froide naissante qu’ a été adopté le 26 juillet National Security Act de 1947 qui opéra une restructuration majeure des agences militaires et de renseignement des États-Unis. La majorité de ses dispositions sont entrées en vigueur le 18 septembre 1947, le lendemain de la confirmation par le Sénat de James Forrestal comme premier secrétaire à la Défense. Son innovation principale a consisté à fusionner le département de la Guerre, rebaptisé département de l’armée ( Army) et le département de la Marine (Navy) dans l’établissement militaire national (NME), dirigé par le secrétaire à la Défense.
Il a également créé le département de l’Armée de l’air et Force, qui ont séparé l’Armée de l’air en son propre service. Il protégeait le Corps des Marines en tant que service indépendant, sous l’es) du département de la Marine. Avec la doctrine Truman et le plan Marshall, le National Security Act constitua le troisième trépied de la stratégie de guerre froide de l’administration Truman. Symboliquement, la signature du projet de loi a eu lieu à bord de l’avion présidentiel VC-54C de Truman Sacred Cow,le premier avion utilisé pour le rôle d’Air Force One.
À l’origine chacun des trois secrétaires ( Air, Terre, Mer) a conservé son statut de membre associé du cabinet, mais la loi a été modifiée le 10 août 1949. La même loi créa le Conseil National de Sécurité, ( National Security Council NSC ) qui réunit autour du président, le secrétaire d’État, le secrétaire à la Défense, et les trois secrétaires des forces armées, ce qui donnait un poids prépondérant aux militaires. Aussi le 10 août1949 ces trois derniers perdirent leur place, pour assurer leur subordination au secrétaire à la Défense. Dans le même temps, le NME a été rebaptisé département de la Défense . Les chefs d’état-major interarmées ( Joint Chiefs of Staff) ont été officiellement établis en vertu du titre II, section 211 de la loi originale sur la sécurité nationale de 1947 .Le vice -président américain entra au CNS.
C’est donc entre le printemps 1947 et le printemps 1948 que s’opéra le glissement vers la guerre froide , actée le 7 juillet , qui devint ouverte, lors du blocus de Berlin . Pour de nombreux historiens de cette période cruciale, elle n’était pas déterminée à l’avance, mais fut la conséquence du choix qu’opérèrent les deux leaders de chacun des Grands, et en définitive ce sont les Soviétiques , qui, selon l’interprétation occidentale, largement admise, firent les choix cruciaux.
Mais la vision soviétique était tout à l’opposé, et on s’organisa en conséquence. À l’intérieur de l’URSS, un décret spécifiait que toute information devait être considérée comme un secret d’ État à l’égard des étrangers ; à partir du mois d’août 1947, il fut interdit aux notabilités russes de se rendre dans les ambassades occidentales et même d’y téléphoner. Alors qu’à l’ambassade de France, 500 personnes se rendirent au 14 juillet 1947, à la réception d’adieux de l’ambassadeur, en mars 1948, « elle en accueillit le modeste chiffre de trois, venues en service commandé ».
En sommes-nous arrivés là ?
Eugène Berg
Biographie
– Ministère des Affaires Étrangères
Direction des affaires politiques, puis au Service des Nations unies et Organisations Internationales.
Adjoint au Président de la Commission Interministérielle pour la Coopération franco-allemande.
Consul général à Leipzig (Allemagne).
Ambassadeur de France en Namibie et au Botswana.
Ambassadeur de France aux îles Fidji, à Kiribati, aux Iles Marshall, aux Etats Fédérés de Micronésie, à Nauru, à Tonga et à Tuvalu.
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