"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
mars 30, 2023
Il y a quelques jours, Reza Pahlavi, le fils de feu le Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, renversé en Janvier 1979 par l’Ayatollah Khomeiny, me disait au téléphone : « Quand j’ai vu à la télévision les drapeaux de la République Islamique déchirés et brûlés, des statues de Khomeiny déboulonnées et des Iraniens crier «on ne veut plus de la République Islamique » j’avais l’impression de revivre, à l’envers, les évènements qui avaient conduit au renversement de mon père, alors que je me trouvais à la base aérienne de Reese au Texas pour y effectuer un stage d’entraînement au pilotage des avions de chasse F16. »
En 1979, les manifestations, très soutenues pendant des mois, ont vu les forces révolutionnaires parvenir à leur fin avec le soutien important du Bazar, le poumon économique de l’Iran, aujourdh’ui en grève. Les classes moyennes et les hommes d’affaires y ont aussi contribué.
Depuis ces 40 dernières années, la République Islamique a réduit à néant les libertés politiques et toute opposition.
En 2009, les grandes manifestations qui avaient secoué le pays portaient sur les allégations selon lesquelles le Président ultra conservateur en exercice, Mahmoud Ahmadinejad, avait traffiqué les élections présidentielles. Cela avait conduit à la création d’un mouvement « dit mouvement vert » qui, finalement a échoué. Ahmadinejad fut même réélu pour un second mandat.
Fin 2017, 2 ans après la signature de l’accord sur le nucléaire, le même type de manifestations s’était produit à travers tout le pays. Ces manifestations avaient commencé fin décembre à Machad, ville ultra conservatrice et religieuse, à la suite de l’augmentation des prix des œufs et d’autres denrées de première nécessité. Elles eurent le soutien de la classe moyenne et même d’éléments pro-régime, avec les mêmes questions posées aujourd’hui par les Iraniens : « Pourquoi le régime finance-t’il ses alliés en Syrie, au Liban, en Irak, à Gaza pendant que les Iraniens sont en difficultés ? » Des portraits du Guide Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei furent brûlés. Finalement les protestations s’étaient calmées au bout de quelques semaines.
Aujourd’hui, il n’y a pas encore de signe d’effondrement du régime même si l’économie du pays est au bord du chaos avec la monnaie officielle : le Rial qui a perdu les trois quarts de sa valeur, le taux d’inflation qui est à 40% et le déficit de 30 milliards de dollars, soit les 2 tiers du budget annuel.
Le message des autorités équivaut à dire : « Les caisses de l’Etat sont vides, le seul moyen de les remplir est de prendre dans la poche des Iraniens. »
Cette politique risque de déboucher sur plus d’inflation et d’instabilité. L’Iran subit, de plein fouet les sanctions imposées par Donald Trump. Les Iraniens regardent de près les protestations politico-économiques qui agitent l’Irak et le Liban. Ils ne croient pas, un seul instant, que l’Ayatollah Ali Khamenei et Qassem Suleimani l’homme fort des Gardiens de la Révolution, qui controlent tous les rouages du pouvoir sans partage, ont décrété cette augmentation du prix de l’essence pour dégager des bénéfices destinés à venir en aide à 60 millions d’Iraniens en difficultés, soit les trois quarts de la population.
Tout comme en Irak et au Liban, les manifestations en Iran illustrent la peur du lendemain et deviennent de plus en plus hostiles au régime. Elles touchent les classes sociales conservatrice et réformiste.
Il y a 40 ans, le Bazar de Téhéran, avec le peuple, avait lâché le Shah et joué la carte de Khomeiny. Aujourd’hui, il marque son hostilité à l’Ayatollarchie.
Est-ce le signe avant coureur de la chute du Régime ? Il serait prématuré de l’affirmer. Mais force est de constater que les sanctions Américaines et l’aversion croissante d’une majorité d’Iraniens pour le Régime le fragilisent un peu plus chaque jour, un régime qui, pour assurer sa survie, n’hésitera pas à réprimer dans le sang, alors que la guerre pour la succession à Khaménei se profile déjà entre ultra conservateurs et réformateurs sans aucune chance de victoire pour ces derniers.
i24NEWS Diplomatic Correspondent Christian Malard is considered one of the world’s leading journalists on geopolitics. An accomplished presidential interview specialist, Malard has interviewed key world leaders including all US, Russian and French presidents, over the past four decades. With a keen interest in the Middle East, he has interviewed many Israel Prime Ministers and the Presidents of Egypt,Jordan,Syria and Iran.
Malard served as the Foreign Affairs editor on TV France 3 and now serves as a consultant appearing frequently on global TV channels including CNN, NBC, Al Jazeera and BBC. He also serves as the Co-President of the European- American press club. He has written a number of books including « Dans les secrets des maitres du Monde » chronicling his meetings and conversations with heads of states from across the world.
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