"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
mars 30, 2023
A en croire la proposition franco-allemande , la conférence sur l’avenir de l’Europe devrait commencer en janvier 2020 et se conclure en 2022, impliquer les trois institutions, des experts, et l’inévitable “société civile”. Il est difficile de soutenir que l’UE n’a pas besoin d’un reset, particulièrement après un Brexit qui semble imminent.
La confiance réciproque des Etats-membres n’a jamais été aussi faible. Le Parlement européen, qui semblait être sorti des élections sur une défaite des souverainistes, se révèle en fait incapable d’avoir une majorité claire et a certes voté la confiance à la Commission Von der Leyen mais avec des motivations en partie contradictoires.
On voit croître l’incommunicabilité entre l’activisme un peu frénétique de Monsieur Macron et l’immobilisme de Madame Merkel piégée dans la phase de transition politique allemande. Il faut aussi citer Les Pays-Bas et leurs alliés hanséatiques, l’instabilité italienne et finalement les pays dits “de Visegrad” .
Nous sommes mal équipés pour affronter une possible prochaine récession et l’Union bancaire est au point mort. Nous ne sommes pas d’accord sur l’élargissement dans les Balkans et sur la partie à jouer avec la Chine, à commencer par le problème de la 5G . Il n’y a pas d’entente sur l’immigration. Il y a bien un consensus sur la Russie mais à condition de ne rien changer. La France et l’Italie n’arrivent pas à proposer de politique commune sur la Libye où par ailleurs augmente l’influence russe. La France s’est retrouvée bien seule pour affronter la croissance de Daech au Sahel. Nous sommes paralysés par le tremblement de terre en cours dans les rapports transatlantiques et hésitons à décider s’il s’agit d’un problème structurel ou conjoncturel (Trump) . Nous sommes loin d’un accord sur l’avenir du budget de l’Union (MFF) . Sans parler de savoir comment donner suite à l’engagement de combattre le réchauffement climatique et ne pas perdre le train de la révolution numérique.
Reste à savoir si une conférence est la bonne réponse . Souvent, on invente des procédures quand on ne sait ni affronter ni résoudre les questions. L’UE n’a pas besoin de nouvelles idées – il y en déjà bien trop dans l’air – mais de leadership capable d’indiquer le chemin à suivre, susciter du consensus et restaurer la confiance.
Dans ces conditions, une conférence lancée sans un leadership clair risque de renforcer les divergences existantes plutôt que de les diminuer.
Qui peut croire que les problèmes que nous avons ici sommairement listés peuvent encore attendre deux ans ? Deux pendant lesquels les médias se feront un devoir de mettre à la une les divisions des européens. Ne serait-il pas préférable que les deux gouvernements les plus importants de l’UE assument leurs responsabilités et résolvent leurs évidentes divergences ? Ils pourraient ainsi utilement dépenser leurs énergies à chercher des solutions susceptibles d’être partagées avec d’autres pays et applicables aux problèmes qu’il faut traiter dès maintenant.
Riccardo Perissich
Rome 28/11/2019
Riccardo Perissich est ancien directeur général de la Commission européenne ; il est senior fellow de la School of European political economy de la LUISS University à Rome, auteur de « L’Unione europea, una storia non ufficiale (Longanesi) » , « Stare in Europa : Sogno, incubo e realtà (Bollati Boroghieri) ». Il est membre de la Fondation Notre Europe – Institut Jacques Delors (Paris), de l’International Institute for Strategic Studies (Londres), de l’Istituto Affari Internazionali (Rome) et de l’Aspen Institute Italy (Rome) –
Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.
« SE PROMENER D’UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE » VOLTAIRE
Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.
© Copyright 2023 Blogazoi - Tous droits réservés.