"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
mars 30, 2023
Pour tous les amateurs d’opéra écouter la Traviata, de surcroît à Berlin, est un plaisir rare.
Le livret repose sur le thème classique de la rédemption par l’amour. Violetta, fascinante héroïne, frappée par une lente agonie a tout pour nous émouvoir, nous bouleverser.
Verdi a littéralement « explosé » le personnage de Dumas ! Et Proust avait raison, oh combien, d’écrire « Verdi a donné à la dame aux camélias le style qui lui manquait. » !
Cette femme « frivole » atteint des sommets de noblesse, de générosité, d’amour. Mais le destin est là qui veille et qui frappe ! Comme chez La Fontaine, « tout est affaire de style » !
Dirigée par un jeune et talentueux chef d’orchestre, Ivan Repusic cette Traviata nous inspire pourtant des sentiments mitigés.
Les décors sont somptueux et chargés de symboles. Ainsi les portes ouvertes et qui claquent rappellent la vie et ses espoirs déçus et brisés. Leur sobriété est réellement superbe et nous enveloppe dans leur mystère.
Mystère qui nous rappelle les fameux tableaux de Caillebotte où le regard s’évade au travers des fenêtres. La mise en scène comporte quelques trouvailles fort intéressantes comme les gigantesques représentations de la « Grande faucheuse ». Les jeux de lumières sont absolument superbes, et soulignent, tantôt la luxure, tantôt le dénuement de Violetta. Les costumes, certes modernes, ne choquent pas. Il est juste de le souligner car nous ne nous sommes pas privés de critiquer cette fâcheuse tendance en d’autres occasions. Mais ils ne détonnent pas outrageusement de ce que l’on pouvait porter en 1853.
Irina Lungu possède une fort jolie voix. Elle fait preuve outre de sa puissance d’une vraie technique.
Il n’en reste pas moins que cette représentation demeure un tantinet trop académique. Il faut un réel effort d’imagination pour deviner la passion que cette Dame aux camélias suscite.
Il lui manque, osons le mot, une touche de lascivité. Trop lisse pour enflammer les cœurs, trop bourgeoise pour se lover dans le rôle !
Elle affleure juste son personnage et du coup elle n’en a pas l’intensité dramatique qui met en valeur toute sa tension, toute sa polysémie .
Cependant, et fort heureusement, tout change au troisième acte. Elle habite enfin son personnage !
Sa voix déjà superbe, gagne en puissance et en émotion. Elle nous touche alors.
Tout change également, et en bien, pour Alfredo qui trouve le ton juste lorsqu’il voit le malheur se profiler.
Germond est fort convaincant, sans emphase, dans sa supplique à Violetta. Il y est impeccable .Violetta devient alors belle et poignante en sa lente agonie.
Tout change aussi avec l’air des matadors. E Piquillo est parfait.
L’on retrouve avec grand bonheur le côté festif, pétillant de la Traviata. Les danses et chants sont joués à merveille. L’orchestre donne alors sa pleine mesure. Les cuivres, peut être trop forts au premier acte, s’harmonisent merveilleusement avec un orchestre qui a trouvé tout son équilibre, toute sa force.
Toute l’exubérance de Verdi explose enfin ! Et nous retrouvons un très grand Germond qui mesure le sacrifice de celle qu’il aurait aimé accueillir et chérir dans sa famille.
Le sort en a bien sur décidé autrement.
Certes, cette Traviata là n’a pas la majestueuse puissance et l’incomparable sensualité de la divine, somptueuse et merveilleuse beauté d’Anna Netrebko. Certes le duo Violetta – Alfredo que nous avons vu n’atteint pas l’incroyable et inoubliable performance de Netrebko et Villazón que nous avons vu à Londres. Il n’en reste pas moins que si d’aventure vos pas vous mènent à Berlin vous passerez une fort agréable soirée avec cette Traviata.
Leo keller
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Une réponse
Leo, you are a convicted, inconditional fan of Netrebko and for you no other soprano would compare to her ! Am I wrong ?