"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE

avril 1, 2023

frappes en syrie
Les frappes de la coalition en Syrie. What else ?

Les frappes de la coalition en Syrie. What else ?

48 heures après est-il possible, même si l’exercice est périlleux, de tirer quelques leçons des frappes menées par la coalition ?
D’abord le premier mot qui s’impose est notre reconnaissance pour nous et pour les victimes de ces bombardements chimiques.
Reconnaissance ensuite pour le professionnalisme et le courage des forces engagées.
Un sentiment de reconnaissance qui nous rappelle que toute « realpolitik » aussi brillante soit-elle, doit à un moment donné s’effacer devant « l’impératif moral ». Même Henry Kissinger a critiqué en son temps la « Realpolitik » de Chamberlain qui a permis la guerre, précisément à cause de son réalisme aveugle et cynique.
Le général Mattis, Secrétaire à la Défense a ainsi déclaré après les frappes devant le comité des forces armées: « Some things are simply inexcusable, beyond the pale and in the worst interest of not just the chemical weapons convention but of civilisation itself, »

Reconnaissance, mais aussi félicitations pour la parfaite réussite d’une telle coopération interarmées. Le maréchal Foch disait : « Depuis que j’ai dirigé une coalition alliée j’ai beaucoup moins d’admiration pour Napoléon. »

1 La première des leçons que je vais tirer est personnelle. Je reconnais en toute humilité m’être totalement trompé en cette affaire. J’avais en effet affirmé dans différents forums, et de façon péremptoire qu’il n’y aurait pas de frappe en rétaliation après le massacre de civils par le bombardement chimique.
Mon erreur induit plusieurs enseignements qu’il faudra méditer.

D’abord la règle qui veut que tout est prévisible et obéit à une impeccable logique, à un implacable rapport de forces, fait heureusement fi du fait, que comme me l’a rappelé si intelligemment Philippe Moreau Defarges, l’homme est autant agi qu’il n’agit.

2 L’on s’est gaussé de l’amateurisme de Trump qui s’était comme à sa détestable habitude vanté de ses imprécations. « Que les Russes prennent garde, de beaux missiles vont arriver. » Etc. Or force est de constater qu’annoncer signifie aussi, parfois, que les choses peuvent et vont arriver.
Napoléon disait si vous voulez prendre Vienne et bien prenez Vienne.

3 Winston Churchill avait dit lors de la seconde guerre mondiale que les américains après avoir essayé 500 mauvaises solutions finissent toujours par trouver la bonne solution.
En Syrie, même si des zones d’ombre et des questions (nombreuses) demeurent cela semble chose faite. Les alliés ont, me semble-t-il, trouvé sinon la meilleure réponse en tout cas la moins mauvaise. La moins mauvaise car elle répond d’abord et à la fois à un « impératif moral » (à ceux qui en douteraient je leur conseille d’interroger les malheureux civils syriens horriblement frappés et décimés par la barbarie d’Assad » « (à ce stade je vais laisser volontairement de côté l’épineuse question sur la connaissance ou la duplicité qu’avaient les russes de ces pratiques) et ensuite à une bonne politique en ce sens qu’elle laisse aux alliés un vaste choix d’options.
Or garder le plus grand nombre d’options possibles est la seule politique étrangère qui vaille. À cet égard même si Theresa May et Macron ont su fortement inspirer Trump, reconnaissons que pour une fois son comportement a été juste et intelligent.

Quel étaient les buts des frappes de la nuit du 13 au 14 avril ?
Stopper le massacre chimique, ou éviter que le carnage continue ? Après tout, diront les cyniques, pour une victime civile périr chimiquement ou classiquement fait peu de différence. Les frappes américaines d’avril 2017 suite au bombardement chimique de Khan Shaykhun n’ont pas été un franc succès sauf à lire les tweets de Trump.
Il semble que cette fois-ci, sous réserve de confirmation ultérieure et plus complète, qu’un certain nombre de cibles ont été détruites ; sera-ce suffisant ?
A-t-on tout détruit ? Ou a-t-on simplement acheté du temps ?
Ou bien a-t-on, sans tout détruire, délivré un signal empêchant tout usage ultérieur même si les capacités chimiques demeurent.
Ou bien les bourreaux syriens recommenceront-ils ayant mal interprété cette seconde frappe ?
Une scène du film culte « les sept mercenaires » illustre cette séquence. Des paysans mexicains se révoltent contre le racket de voleurs mexicains. Après une première semonce et malgré celle-ci, les bandits mexicains parce qu’humiliés reviennent en force. Et ce n’est qu’après leur écrasement total que le village peut à nouveau vivre en paix.

Se débarrasser du régime Assad, les alliés ont été parfaitement clairs à ce sujet. Cela est hors de propos. Non erat is est locus d’en discuter hic et nunc. L’on pensera juste à Otto von Bismarck qui disait : « Il faut savoir agripper les pans du manteau de l’Histoire lorsque celui-ci nous fait la grâce de passer à portée de main. »

Reste un troisième point qui est celui qui recouvre le plus de questions purement géopolitiques : la Russie.
Jusqu’à quel point a-t-on, dans le cadre des accords de déconfliction, prévenu les Russes ? Les dates, les lieux, les moyens. Et si discussion il y a eu, à quel niveau ?

Le général Dunford est parfaitement clair à ce sujet. Il a réaffirmé lors de sa conférence de presse commune avec le Secrétaire à la Défense Mattis. «We did do not do any coordination with the Russians on the strikes, nor did we pre-notify them.”
Acceptons-en l’augure. Mais cela pose en retour deux questions. Les russes seraient-ils aussi impuissants ? Ne seraient-ils forts qu’avec de simples mouvements de rébellion ou des mouvements terroristes même pré-étatiques et seraient-ils si faibles avec des armées parfaitement aguerries, résolues et technologiques ?
Les systèmes S 400 seraient-ils à ce point inopérant même si la configuration choisie ne pouvait être totalement couverte par la couverture radar des S400 ? Mais une chose est sûre, ni la fierté russe, ni l’ego surdimensionné de Poutine ne peuvent laisser passer un tel affront et une telle perte de crédibilité.

Alors il reste une autre hypothèse. Ce que Clausewitz appelait le Ziel et le Zweck. Les buts de guerre de Poutine et accessoirement de l’Iran ne recouvrent que très partiellement le but dans la guerre d’Assad. Ce dernier cherche avant tout à recouvrer l’entièreté de la souveraineté de son pays ; les Russes ont une vision à la fois beaucoup plus vaste mais sont moins attachés à voir se reconstituer intégralement le puzzle syrien. Le problème kurde dans cette conjoncture n’est pas le moindre.

Que le boucher Assad ne se fasse aucune illusion. Dès lors qu’il cessera d’être utile (ne parlons même pas de gêne) Poutine le passera par pertes et profits. L’histoire n’aurait rien d’inédit. Il suffit de se rappeler comment Khroutchev a laissé massacrer les communistes irakiens. Dans cet équilibre/déséquilibre qui commence à donner le vertige, j’avoue avoir du mal à comprendre la position turque qui cette fois-ci se désolidarise d’Assad, mais cela peut se comprendre, encore que le problème kurde…, mais qui ne suit pas son désormais allié russe.

Au trébuchet des incongruités l’on trouve aussi Netanyahu qui après avoir tant vanté son allié tant admiré Poutine commence à connaître les affres du désamour poutinien. Est-on si sûr que ce ne sont pas les Russes qui ont abattu le F 15 israélien. Il n’y a pas d’alliance de rechange pour Israël.

L’on parle de lignes rouges sans toujours réaliser que les lignes rouges ont vocation à être bougées. Il suffit de se rappeler Kissinger qui avait déclaré lors d’une fameuse conférence de presse peu avant de rentrer en fonction : « Cette foutue politique c’est nous qui l’avons écrite, nous pouvons fort bien la changer quand nous le voudrons. »
Donc si l’on parle de ligne rouge et de buts de guerres différents, l’on peut aussi imaginer un scénario où les Russes voulant administrer une leçon à leur vassal Assad, par trop indiscipliné, se seraient servis d’une frappe US franco-britannique pour lui montrer jusqu’où ne pas désobéir.
Après tout le criminel Staline a su tendre un piège à un autre criminel, Mao pour ne pas le nommer, en facilitant la guerre de Corée. Et tant les Chinois que les Russes n’ont pas toujours été des alliés irréprochables pour les nord-vietnamiens. Lorsque leurs intérêts l’exigeaient, ils ont su encaisser les dividendes à l’avance et à un taux usuraire.
La question reste posée : les Russes ont-ils compris la leçon ? Le bombardement à outrance de Hanoï et du port de Haiphong avait amené les nord-vietnamiens à résipiscence. Sera-ce le cas cette fois-ci avec les syriens et/ou les russes ?

Au Moyen-Orient l’invraisemblable et l’étrange ne sont jamais totalement absents. Il n’est pas impossible aussi qu’Assad, tel un joueur de go, se serve de ces frappes pour renforcer sa position auprès des Russes.

Ce qui semble à tout le moins prématuré et présomptueux, c’est le tweet de Trump (avoir choisi la solution la moins mauvaise sinon la meilleure) ne l’empêche pas de retomber dans ses errements. « Mission accomplished. »
Je me permets de rappeler au président américain qu’il y a des mots ou des phrases qu’il vaut mieux éviter même si le ridicule–surtout dans son cas–ne tue pas.
Depuis Bush junior (aussi appelé Mister make no mistakes) il vaut mieux éviter cette phrase fièrement et bêtement offerte à la vue du monde entier sur le porte-avions où il venait d’apponter revêtu de son blouson d’aviateur. C’est ainsi qu’Ari Fleischer ex conseiller de Bush a dit tout en approuvant les frappes : « Um … I would have recommended ending this tweet with not those words. »

Il n’en reste pas moins que l’on se pose aussi des questions quant à la suite des opérations. Trump a ainsi déclaré que « he was prepared to sustain this response until the Syrian regime stops its use of prohibited chemical agents. »

Mais il n’a pas dit comment. Il n’a pas dit comment il comptait éradiquer et non freiner la menace chimique.
Car il y a des restes. Le général McKenzie a dit ce samedi lors d’une conférence de presse : « I would say there is still a residual element of the syrian program that’s out there. »

Il faudra qu’il m’explique comment compte-t-il s’y prendre s’il veut comme il l’a dit se retirer de Syrie. C’est du moins ce qu’il avait promis à ses électeurs ayant déserté la mission et le rêve américains.

Jusqu’ici, et en cette affaire seulement, la coalition a fait preuve d’une remarquable intelligence en sachant parfaitement quand où et comment frapper et en sachant qui éviter. Il faut simplement espérer que l’intelligence ait la grâce de ne pas déserter son esprit embrumé.

Ce qui est sûr c’est que sans « boots on the ground » l’objectif sera hors d’atteinte. Est-il prêt à payer ce prix. Sommes-nous-nous aussi prêt à payer ce prix. Car Poutine saura « deliver the message » à un prix très cher. Or Trump aura besoin du tandem Poutine-Xi Ji Ping en Iran et en Corée.

Colin H Kahl ancien conseiller sécurité de Joe Biden a certes reconnu que Trump : « Wisely avoided hitting regime targets where there was a significant risk of killing russians » mais que le revers de la médaille était que cela n’a que très faiblement blessé Assad. Et il ajoute : « Indeed , the relatively cautious nature of the strike signaled that we were deterred from taking larger actions potentially undercutting the credible Us threat of doing more down the line if the regime continues to use chemical weapons. »
A cet égard la conference de presse conjointe de Mattis et Dunford est intéressante.

“Q: General Dunford and also Secretary Mattis, could you talk a little bit more about your concerns that you’ve expressed earlier in the week about Russian escalation.

General Dunford, were you able to talk to your Russian counterpart, General Gerasimov? What are your concerns about escalation? And if we’re permitted to ask your British counterpart a question, I would like to know the sense of your government about whether the situation with the Skirpals and the Russian involvement in that, how that Russian involvement played a role in your decision to enter this coalition this evening?
But with regard to the Russian concerns, we specifically identified these targets to mitigate the risk of Russian forces being involved, and we used our normal deconfliction channels — those were active this week — to work through the airspace issue and so forth. We did do not do any coordination with the Russians on the strikes, nor did we pre-notify them.”
Q: Mr. Secretary, first of all, have — did the U.S. suffer any losses initially.

And more broadly, could you — the president in his remarks said the U.S. and its allies are prepared to sustain this operation until Syria stop using chemical weapons. Does that mean the U.S. and its partners will continue military operations beyond this initial operation tonight?

SEC. MATTIS: That will depend on Mr. Assad, should he decide to use more chemical weapons in the future. And of course the — the powers that have signed the chemical weapons prohibition have every reason to challenge Assad should he choose to violate that. But right now this is a one-time shot, and I believe it has sent a very strong message to dissuade him, to deter him from doing this.

Je voudrais également rappeler des incidentes, qui certes ne sont pas strictement reliées à ces frappes. D’aucuns doutent quant à la réalité du bombardement chimique perpétré par Assad. Je laisse de côté les complotistes ou négationnistes de tout poil, je n’ai que peu de goût en effet pour la costille vaine, voire nauséabonde. Je laisse également de côté la ridicule assertion russe laissant entendre que les Anglais auraient pu être à l’origine de ce drame. N’était le côté risible de la chose, cela me rappelle le célèbre dialogue Adlai Stevenson–Zorine à l’ONU lors de la crise de Cuba. L’observateur amusé a encore les oreilles qui tintinnabulent de la réplique culte de Zorine lui disant dans un anglais–rocailleux–cette fois-ci : « do not worry you will have your abswer un due course ; i am not in an amercican court and therefore i do not wish to answer a question wich is putin a prosecutor way.”

Mais il faut quand même accepter de déserter la langue de bois. L’on nous dit qu’il n’y avait pas d’observateurs indépendants ; mais enfin qui donc a mis son veto afin que précisément on ne nommât point une telle commission d’enquête internationale. Dominique Moïsi me disait un jour que l’ambassadeur russe Orlov lui affirma à propos des « maskirovka » en Ukraine : mais quel intérêt la Russie y aurait-elle trouvé ? Ce fût pour lui comme une confirmation de l’engagement russe. Il en va de même en Syrie. Les Russes ont ainsi pu dire sans aucune vergogne : «False information is being planted about the use of chlorine and other toxine agents by the Syrian government. Fake news.”

Mais soyons cependant surs que tôt ou tard l’OPCW (organisation for the prohibition of chemical weapons) rétablira la vérité et l’inanité des dénégations russes. Le risible de la situation est qu’après avoir tant critiqué ces O.N.G. et autres organisations internationales Trump n’en vienne à les louer.

Pour autant le conflit n’a que peu à voir avec les problèmes de religion. Celle-ci est une fois de plus instrumentalisée. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un bon vieux conflit classique ou le jeu des puissances et le rapport des forces s’éploye conformément à toutes ses règles. Ce qui implique, et c’est valable tant pour Trump que pour Macron (la Grande-Bretagne ne pèse désormais plus grand-chose depuis son Brexit tout sauf intelligent) qu’il faudra parler avec Poutine, reconnaître au moins autant que ses intérêts dans la région son rôle et son influence dans la région. Il a su comme écrivait Sun Tsu frapper sur le maillon US le plus faible actuellement au Moyen-Orient.
Parler toujours, négocier le plus possible, mais céder jamais.
Il faut aussi louer le rôle essentiel du president français Emmanuel Macron en cette affaire qui à la fois pour des raisons indépendantes de sa volonté mais aussi et peut-être surtout grace à sa vista et à la position française a tenu le gouvernail très haut quant à la prise de décision.

En Syrie c’est la Pax Russica qui règne, je me permettrai donc de conseiller à Trump de veiller à ce  que dans la région Poutine n’étende son influence en Égypte, au Maroc en Tunisie en Algérie ou en Libye voire en Arabie Saoudite (les intérêts pétroliers peuvent créer des solidarités inattendues) Walter Lipman écrivit dès 1945  » que l’alliance des vainqueurs ne se renouvelle pas et l’alliance de tel vainqueur avec tel vaincu adviendra. L’histoire n’aurait rien d’inédit « 
La Turquie, quant à elle, est déjà passée probablement en pertes et profits.

Les remarques russes quant aux casques blancs syriens s’inscrivent elles aussi dans leur campagne mondiale de fake news.

L’on a également avancé le pseudo manque de légalité de cette opération. L’on trouvera probablement autant de juristes pour étayer cette thèse que pour l’invalider. Là n’est pas le problème. D’abord parce qu’une fois de plus les Russes ont mis–ce qui est leur droit le plus absol- leur veto à toute tentative d’accompagnement juridique. Il existe une notion qui s’appelle l’abus de droit et le droit fiscal français connaît des états où la charge de la preuve est inversée.
Il me souvient en outre qu’il fut un temps où un général n’était certes pas stricto sensu légal. Il était pourtant légitime et fut l’honneur de la France.

Mais surtout parce que nous sommes sortis depuis longtemps, très longtemps, beaucoup trop longtemps de ce cadre juridique étriqué qui a permis l’indicible. Il existe ce que l’on appelle en droit international la « responsability to protect ». Et il est temps, grand temps de suivre l’exemple de Roosevelt avec son tuyau d’arrosage.
Des êtres humains meurent, ne l’oublions pas. Des êtres humains meurent de façon atroce. Je ne veux pas que plus tard mes petits-enfants me le reprochent !
Camus, l’immense Camus, l’indépassable Albert Camus, disait : « La liberté est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. J’étais libre et je ne cessais de penser à la Russie et à ses esclaves. »

Leo Keller
Neuilly le 15/04/2018

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