"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE
avril 1, 2023
Université de Créteil Paris XII – Faculté de médecine
DUMEG 2017- 2018
Mémoire sous la direction de Monsieur le Professeur Jean-Paul Méningaud
Cancer du sein : Prise en charge par l’Acide Hyaluronique de l’impact sur la sphère génitale des traitements hormonaux adjuvants
L’hormonothérapie fait partie intégrante du traitement du cancer du sein . La compliance au traitement est essentielle. Or, ces traitements engendrent des effets secondaires importants dont la tolérance est variable. Une révolution est en route :un tabou est en train d’être levé : On parle enfin de santé sexuelle, de sécheresse vaginale ,de dyspareunie et de trouble de la libido. A condition d’en faire le diagnostic par un interrogatoire orienté, l’acide hyaluronique (HA) représente un moyen efficace d’améliorer la santé sexuelle des femmes et donc la compliance aux traitements adjuvants.
Résumé : Le traitement hormonal adjuvant du cancer du sein est essentiel. L’acide hyaluronique permet d’améliorer la compliance des patientes , en traitant les effets secondaires sexuels de ces traitements hormonaux.
Abstract ; Adjuvant hormone therapy for breast cancer is essential. Hyaluronic acid helps improve patient compliance by treating the side effects on sexual health of its hormonal treatments.
Mots clés : Acide hyaluronique, hormonothérapie des cancers du sein, sécheresse vaginale, santé sexuelle
Objectifs : Au cours des deux dernières années , au même titre que pour les femmes ménopausées, j’ai appliqué le traitement par HA, chez les patientes sous traitement adjuvant pour cancer du sein hormonaux dépendant, souffrant de dyspareunies, quelque soit leur âge..Dans ma modeste expérience, sur une centaine de cas, l’efficacité du traitement par HA a été très significative et a apporté une nette amélioration de la santé sexuelle et de la compliance au traitement adjuvant qui est fondamental car améliore le taux de survie.
Rappel : importance des traitements hormonaux adjuvants dans le cancer du sein :
Le cancer du sein est le cancer plus fréquent chez la femme : 59.000 nouveaux cas en 2017. Dans les cancers du sein hormono-dépendants, 5 ans de traitement adjuvant hormonal réduit considérablement les risques de récidives loco-régionales, métastatiques, de cancer contro-latéral (1 ). Dans les différents essais publiés, (5 ans de tamoxifène versus pas de traitement hormonal), le taux de récidive dans le groupe tamoxifène est environ 50% inférieur à celui du groupe témoin pendant les 5 premières années (période de traitement) et environ 30% inférieur au cours des 5 années suivantes. Le taux de mortalité par cancer du sein dans le groupe tamoxifène est d’environ 30% inférieur à celui du groupe témoin au cours des 15 premières années (y compris 10 ans après l’arrêt du traitement (2) Dans les essais comparant un inhibiteur de l’aromatase et tamoxifène chez les femmes ménopausées, l’inhibiteur de l’aromatase est encore plus efficace que le tamoxifèn, (3) . Aujourd’hui, l’hormonothérapie est de plus en plus fréquemment utilisée dans la prise en charge du traitement adjuvant des cancers du sein ( Tamoxifène, Anti-aromatases )Ces différents traitements ont des effets secondaires (2-3-4) connus depuis longtemps : douleurs musculo-articulaires, fatigue, retentissement sur les fonctions cognitives… D’autres effets secondaires sont reconnus seulement depuis quelques années: sécheresse vaginale (importante chez 30% des femmes), baisse de la libido (importante chez 28% des femmes). Dans une étude prospective chez les patientes post-ménopausées traitées par létrozole, 85% rapportaient des problèmes sexuels, 30% une vraie « misère sexuelle » (5) … De 30 à 50 % des patientes ne complètent pas l’hormonothérapie adjuvante prévue. L’arrêt de l’hormonothérapie est associé à un risque plus élevé de récidive du cancer du sein (6). Une meilleure connaissance et une gestion rapide et soutenue des effets secondaires pourraient améliorer la compliance.
L’Acide Hyaluronique HA :Cette molécule représente une innovation thérapeutique. Jusqu’à présent, très peu d’études se sont intéressées aux conséquences sexuelles de la privation œstrogénique chez les femmes sous hormonothérapie après cancer du sein . Elles concernaient uniquement les traitements locaux œstrogéniques . Aucune enquête n’a porté sur le bénéfice des injections d’HA (7-8) Or, il se trouve que la sécheresse vaginale est la deuxième conséquence la plus importante; avec sa répercussion sur la vie sexuelle des couples, avant même les bouffées de chaleur. Elle entraîne une diminution de la lubrification ; conséquence de la baisse du taux d’œstrogènes induits par l’hormonothérapie. . C’est la plupart du temps un tabou : les femmes n’osent pas en parler ni au gynécologue ni à l’ oncologue. Seulement 30 % des femmes sont traitées. Il existe les traitements classiques locaux hydratants astreignants et peu efficaces ; il s’agit des ovules ou comprimés vaginaux , des gels hydratants ou des lubrifiants. modérée. Les traitements innovants sont soit mécaniques : la Radiofréquence, le Laser vaginal, le Led soit médicamenteux ; L’HA. Cette molécule est une merveilleuse innovation dans le domaine de la réhydratation vaginale. Son caractère principal c’est l’hygroscopie : elle peut attirer jusqu’à 1000 fois son poids en eau. Elle est naturellement sécrétée dans le corps humain. Son caractère visqueux lui a permis d’être utilisé bien plus tôt, dans d’autres domaines médicaux: en orthopédie pour remplacer les cartilages défaillants (9). Désirial ®. est la seule molécule, mise au point par un laboratoire français, VIVACY, ayant obtenu l’autorisation européenne d’utilisation dans la sphère génitale.(CE) . Il s’agit d’une association de l’HA et de mannitol qui est un antioxydant dont l’effet potentialise l’action de l’HA. (10,11) . Son utilisation est simple, à condition d’une formation rigoureuse et du respect des règles élémentaires d’asepsie. La séance se pratique au cabinet, pendant une durée moyenne de 20 minutes, sous anesthésie locale.
Un examen gynécologique préalable est indispensable. Il permet de pratiquer les frottis avec si possible un test HPV. Au décours de cet examen, un bilan de l’état de la sécheresse et des besoins particuliers est fait. Il permet enfin et surtout d’éliminer les contre-indications locales que sont l’infection vaginale et l’ infection herpétique active. L’interrogatoire permettra d’éliminer les contre-indications générales : les troubles de la coagulation sanguine, la prise d’anticoagulant et les maladies Auto-immunes. Il conviendra d’arrêter quelques jours avant la prise d’aspirine. Cette séance permettra de délivrer une ordonnance d’ovules vaginaux type Polygynax® à appliquer quelques jours avant. Enfin, l’indispensable démarche médico-légale qui consiste à fournir toutes les explications nécessaires, ainsi que prévenir des effets secondaires possibles et remettre le consentement écrit à signer et le devis. La patiente pourra ainsi prendre le temps de la réflexion avant la procédure médicale
L’HA se présente sous forme injectable.
La séance peut commencer par la respiration dans le masque du gaz MEOPA® (mélange oxygène-protoxyde d’azote) qui permet une bonne relaxation des patientes sans pour autant les handicaper après: le gaz est éliminé instantanément au fur et à mesure. L’anesthésie peut se faire par topique : une application, une heure avant, de crème lidocaïne 2 % ( ma modeste expérience montre que c’est peu efficace mais permet la pratique de l’anesthésie locale injectable plus confortablement ). Une désinfection rigoureuse doit être pratiquée avant l’injection. L’injection de HA doit être superficielle , sous muqueuse à l’aide d’aiguilles très fines :27ou30G. Les zones à traiter sont les zones les plus fragiles et les plus douloureuses en particulier pendant les rapports sexuels, lors de la pénétration : il s’agit du vestibule et du tiers inférieur du vagin. l’injection sera centrée sur ces zones. La dose moyenne injectée dans le vestibule est de 0,5 ML en moyenne et 1ml à 1,5ml dans la partie postérieure du vagin (Chaque boîte de Désirial ®. contient une seringue de 1ml et deux Aiguilles de 27 G et 30 G). L’injection au niveau du vestibule se fait selon la technique rétro traçante ou en éventail. L’injection dans la partie postérieure du vagin se fait par multiples piqûres. Des précautions d’emploi élémentaires s’imposent: éviter la paroi antérieure du vagin et en particulier le centre qui abrite l’urètre. Il Convient de prévenir les patientes d’effets secondaires possible comme un léger saignement ou des brûlures passagères, et d’insister sur les précautions post traitement pendant quelques jours : éviter de subir des pressions sur la zone traitée pour permettre au gel de diffuser et gonfler par attraction d’eau de façon harmonieuse pendant les quelques jours qui suivent l’injection. Ainsi éviter les rapports sexuels et certains sports. il convient également d’éviter les bains pour des raisons d’asepsie.. Il est recommandé de renouveler les injections, en tout cas la première année, au bout de six mois qui est la durée de demi-vie du produit. En effet, il convient de ne pas attendre que les troubles réapparaissent pour traiter. Les années suivantes, les injections peuvent être plus espacées.
Résultats : Ce travail concerne mon activité entre l’année 2015 et 2017 période pendant laquelle , j’ai eu l’occasion de traiter 110 femmes sous hormonothérapie pour cancer du sein, et souffrant de sécheresse vaginale et de dyspareunie .Elles proviennent soit de ma propre patientelle, soit adressées par des oncologues. Les résultats de la première injection sont significatifs et résumés dans le tableau ci-joint (15 % des femmes sont perdues de vue à 6 mois).: A 1 mois, 90 % des patientes sont globalement satisfaites,75% très satisfaites,15% moyennement satisfaites Mais ce taux de satisfaction diminue nettement à 6mois : 45% de non- satisfaites. 6 mois, c’est justement le temps de demie vie de l’HA. . Le très faible taux d’échec est probablement d’origine multifactoriel et plus complexe qu’un simple trouble organique .Ce délai d’efficacité de 6 mois coïncide parfaitement avec la demie vie de la molécule .Cette importante constatation pourrait inciter à préconiser le renouvèlement de l’injection dès ce délai, avant même que les troubles ne réapparaissent. Aucune complication n’est survenue et une séance a dû être interrompue en raisons des douleurs excessives ressenties par la patiente.. À condition du respect des recommandations, le traitement par l’HA permet une réhydratation rapide de la muqueuse vaginale. Les séances sont bien vécues par les patientes. La sensation de bien-être et de confort local associé à une disparition des brûlures et de la sécheresse est majoritairement exprimée très rapidement. Enfin, une amélioration de la santé sexuelle , la disparition des dyspareunies permettent la restauration progressive de la vie sexuelle. Les témoignages sont enthousiastes. Ce traitement est révolutionnaire, car il est simple et sans danger à condition de respecter les recommandations. En effet le trouble de la santé sexuelle des patientes traitées pour cancer du sein se positionne au troisième rang des préoccupations majeures des femmes atteints d’un cancer.
Malheureusement, ce traitement ne concerne encore qu’une petite minorité de la population féminine, extrêmement bien informée ! En effet, jusqu’à présent, très peu d’études existent concernant l’impact de l’hormonothérapie sur la santé sexuelle et pratiquement aucune étude sur le traitement par l’HA de la sécheresse vaginale et des troubles sexuels des femmes sous hormonothérapie comme traitement adjuvant du cancer du sein. il convient d’agir sur trois axes :
– lever le tabou
– sensibiliser les oncologues et les gynécologues et les médecins traitants sur cette préoccupation majeure des femmes.
– organiser à grande échelle la formation de la classe médicale . Il n’en existe aujourd’hui que deux en France :
le Dumeg Service du professeur Jean-Paul Méningaud hôpital Henri-Mondor Creteil et la formation organisé par le Grirg à Toulouse . Le silence autour de ce traitement innovant est dû, bien sûr, à sa jeunesse relative associée à la pauvreté bibliographique et au silence médiatique. L’espoir viendra des études qui seront lancées en particulier, l’enquête randomisée en double aveugle qui démarre , menée par le laboratoire VIVACY< traitement de la symptomatologie vulvo vaginale suggérant une déficience œstrogénique par injection d’HA dans la muqueuse vaginale > , ainsi que l’étude annoncée lors du DUMEG,par le docteur Barbara Hersant , au sein du service du professeur Jean-Paul Meningaud :< Etudes comparative des différents traitements novateurs ,Lasers acide hyaluronique et traitements locaux, des effets secondaires de hormonothérapie après cancer du sein>si ses études démontrent scientifiquement une efficacité réelle , ce qui est probable, alors le <Buzz>médiatique sera déclenché.
Conclusions :Les résultats de cette expérience sur cette centaine de femmes traitées par hormonothérapie adjuvante pour cancer du sein m’ont convaincu du bénéfice de l’HA dans le traitement des effets secondaires sexuels. L’amélioration du vécu des traitement adjuvant en permet une meilleure compliance , qui impacte, significativement la survie . La bibliographie est très pauvre sur ce sujet. Une l’étude prospective multicentrique est prévue en 2019 portant sur l’étude comparative des différents traitements sur les effets secondaires de l’hormonothérapie (laser, Acide Hyaluronique, traitements locaux) dirigée par le docteur Barbara Hersant au sein du service du professeur Jean-Paul Meningaud hôpital Henri Mondor. Elle permettra probablement de mieux faire connaitre ces traitements et d’en officialiser l’efficacité.
Un espoir: sensibiliser les pouvoirs publics pour envisager une prise en charge financière de « tous » les effets secondaires des traitements hormonaux des cancers du sein y compris les séquelles sexuelles.
Docteur Pascale Sabban Serfati
voici les diapositives à l’appui du mémoire du Docteur Pascale Sabban Serfati.Il suffit de cliquer ci- dessous sur le lien 1 Juin 2018 pour les faire défiler
Bibliographie : 1.Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Effects of chemotherapy and hormonal therapy for early breast cancer on recurrence and 15-year survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005;365:1687-717.2.The Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Relevance of breast cancer hormone receptors and other factors to the efficacy of adjuvant tamoxifen: patientlevel meta-analysis of randomised trials. Lancet 2011;378:771-84.3.The Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Aromatase inhibitors versus tamoxifen in early breast cancer: patient-level meta-analysis of the randomised trials. Lancet 2015;386:1341-52.4.Burstein 1-1J, Temin S, Anderson H, et al. Adjuvant endocrine therapy for women with hormone receptor-positive breast cancer: American Society of Clinical Oncology clinical practice guideline focused update. J Clin Oncol 2014;32:2255-69.5.Fréchette D, Paquet L. Verma Set ol. The impact of endocrine theropy on sexual dysfunction in postmenopousal women with early stage breast cancer encouroging results from a prospective study. Breast Cancer Res Treat. 2013;141(11:111-117.6.Treatment Adherence and Its Impact on Disease-Free Survival in the Breast International Group 1-98 Trial of Tamoxifen and Letrozole, Alone and in Sequence Journal of Clinical Oncology 34:2452-2459, 20167.Reeder-Hayes K, Muss 1-113. Vaginal Estrogens and Aromatose Inhibitors. How Sale Is Safe Enough? JAMA Oncol. 2017 Mar 1:3(31:305-306.8.longitudinal effects of adjuvant endocrine therapy on the quality of life of post-menopausal women with non-metastatic ER+ Breast cancer. Pharmacoecon. 2018 , 173-859.Mixed Treatment Comparisons for Nonsurgical Treatment of Knee Osteoarthritis: A Network Meta-analysis.Jevsevar DS, Shores PB, Mullen K, DM Schulte, GA Brown, Cummins DS.J Am Acad Orthop Surg . 2018 1er mai; 26 (9): 325-336. doi: 10,5435 / JAAOS-D-17-00318.10.OLIVA c, FASOLA Elena FIGO Rome 2012. 11.OLIVA c et al. 1st Rome focus Meeting 2012.
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