"SE PROMENER D'UN PAS AGILE AU TEMPLE DE LA VÉRITÉ LA ROUTE EN ÉTAIT DIFFICILE" VOLTAIRE

mars 22, 2023

N’abandonnez pas le navire! Art Buchwald. Suite et fin de sa chronique humoristique.toute ressemblance avce des personnages actuels est purement fortuite....
English: US President Richard Nixon and Chines...
English: US President Richard Nixon and Chinese Premier Zhou Enlai toast, February 25, 1972 (Photo credit: Wikipedia)

N’abandonnez pas le navire ! par Art Buchwald

La commission de la marine chargée d’enquêter sur l’affaire du naufrage du SS Watergate s’est réunie en séance exécutive la semaine dernière. Elle a fait comparaître à la barre le capitaine Richard M Nixon, qui commandait le navire lorsque celui-ci a sombré. La transcription partielle l’audience reproduite ci-après ne contrevient pas aux exigences de la sécurité nationale.
– Capitaine Nixon, le SS Watergate a subi une voie d’eau dans la matinée 17 juin 1972. Quelles mesures immédiates avez-vous prises à l’époque ?
– Je dois dire que je ne m’en suis pas préoccupé outre mesure. Mon second m’a dit que sept hommes d’équipage avaient fait les fous dans la salle de douche et qu’un tuyau s’était rompu.
– Avez-vous fait ouvrir une enquête sur cet incident ?
– Certainement. J’ose dire qu’on n’a jamais procédé à une enquête aussi serrée sur un bâtiment naviguant en pleine mer. J’ai dit à mes hommes que je voulais savoir si l’un  ou de l’autre de mes officiers avait une part de responsabilité dans cette fuite. Après enquête, ils m’ont affirmé catégoriquement que, les sept hommes cités plus haut exceptés, aucun membre de l’équipage n’avait été mêlé à cet incident. J’ai considéré cette version comme un reflet de la réalité.

– Avez-vous essayé de colmater la brèche à l’époque ? – Il n’y avait aucune branche brèche à colmater pour ce qui me concernait. Les sept hommes sont passés en cour martiale, ce qui mettait un point final à cette affaire. – Mais n’est-il pas vrai que, pendant la tenue de cette cour martiale, plusieurs de ces inculpés ont laissé entendre que d’autres hommes d’équipage avaient une responsabilité dans la fuite pour laquelle ils étaient accusés ? – Ragots que tout cela ! Tout capitaine se fait forcément des ennemis sur son navire, et je n’étais pas homme à me fier à des rumeurs ou à des cancans.

– Autre chose, capitaine Nixon : la faute n’ayant pas été réparée, les compartiments inférieurs du bâtiment ont commencé à être inondés. N’avez-vous pas pensé à ce moment qu’il était temps de prendre certaines mesures ?
– J’ai envoyé plusieurs de mes hommes constater l’étendue des dégâts et ils m’ont affirmé que les cales étaient absolument sèches.

– Vous ne vous êtes donc pas rendu personnellement dans la cale pour juger des dégâts ?
– Il était de mon devoir de demeurer sur la passerelle. Un commandant de navire ne doit pas en savoir trop sur ce qui se passe dans le poste d’équipage. D’ailleurs je me fiais totalement à mes officiers, estimant qu’ils étaient capables d’apprécier si la sécurité du navire était ou non menacée.

– Est-il vrai que votre officier-radio, le lieutenant Ronald Ziegler, a répété sans cesse par haut-parleur que tout allait bien à bord ?
– C’est un fait. Il s’est d’ailleurs contenté d’exécuter mes ordres.
– Si j’ai bien compris, le lieutenant Ziegler ne s’était pas rendu dans la cale lui non plus pour estimer les dégâts ?
–Pas à ma connaissance. Nous recevions sans cesse des rapports de notre officier-légiste, le lieutenant John Dean, nous assurant que nous ne courions aucun risque et que l’équipage avait les mains propres.

– Mais n’avez-vous pas éprouvé quelques soupçons lorsque le niveau de l’eau a atteint le pont supérieur ?

– Ça ne me disait rien qui vaille, mais j’ai estimé que le problème ne me concernait pas. J’ai essuyé plusieurs tempêtes – six, pour être exact – depuis le début de ma carrière, et ai toujours réussi à m’en sortir indemne. D’ailleurs mes officiers m’ont conseillé de ne pas m’inquiéter : le bâtiment avait été construit pour essuyer les pires ouragans.

– Quand avez-vous compris que vous étiez réellement en danger ?
-Le 21 mars 1973, mes officiers m’ont transmis des informations surprenantes, inquiétantes même : d’après eux, ce n’était pas une douche qui était à l’origine de la fuite, mais un iceberg que le navire avait heurté.
– C’est alors que vous avez décidé de prendre des mesures ?
– Oui j’ai pris moi-même le haut-parleur pour annoncer que tous les responsables de cet accident seraient rayés des effectifs.

– Et quand avez-vous pris la décision d’abandonner le bâtiment ?
– Quand l’eau m’est arrivée à hauteur de la taille et que j’ai remarqué que tous les officiers se ruaient sur les canots de sauvetage.
– Comment avez-vous réagi en voyant sombrer tant de vos hommes ?

– Ça m’a fait de la peine, bien sûr, mais dans la situation où nous nous trouvions, c’était chacun pour soi.

Art Buchwald

 

 

Glossaire des personnages cités à l’attention des lecteurs les plus jeunes. Ils ont tous effectué par la suite une visite derrière les barreaux, histoire de compléter leur formation théorique !

Richard Nixon : Président des USA, parfois connu injustement sous le sobriquet de tricky Dickie

John Ehrlichmann : Conseiller  pour les affaires intérieures

Bob Haldeman :Chef de Cabinet du Président des Etats-Unis d’Amérique mention spéciale pour ce dernier car il verrouillait tout accès à Nixon.La seule exception fût Henry Kissinger

Ronald Ziegler :Porte parole de la Maison-Blanche Pat : Madame Nixon de son état civil

Jeb Magruder ministre  presbytérien ,accessoirement  directeur adjoint du comité de réélection de Nixon

Richard Kleindienst :Procureur Général des Etats-Unis .Il fût condamné pour parjure

John Dean :Conseiller juridique de la Maison-Blanche.

Pat Gray : Directeur par intérim du FBI.il démissionna le 27Avril 73.de mauvaises langues rapportèrent qu’il aurait brûlé des documents compromettants Pour le Président des Etats-Unis

Quand l’humour politique confine au génie. Toute ressemblance avec des événements existants est purement fortuite. Délicieux, fin et spirituel à souhait ! Buchwald a des années durant régalé les lecteurs américains du Washington Post et de plus de 500 journaux de ses chroniques humoristiques.

Exceptionnel connaisseur de la vie politique américaine, bon vivant, il fut considéré tantôt comme l’écrivain humoriste le plus brillant et le plus caustique de la langue anglaise depuis John Swift tantôt comme la honte de l’Amérique.

N’ayant épargné de ses griffes aucun président des USA il ne fût que rarement l’hôte de la Maison-Blanche.

J’ai voulu, les vacances approchant, vous faire découvrir cette semaine deux de ses chroniques. Ce sont de véritables bijoux étincelants de mille  feux et qui, telles des bulles de champagne pétillent d’intelligence et d’un humour qui pour en être ravageur n’en demeure pas moins marqué au sceau de la finesse.

J’ai choisi ces trois articles car ils auraient pu être écrits aujourd’hui. Le lecteur amusé pourra à sa guise changer les pays et les personnages.

Ami lecteur, je vous souhaite-très sincèrement- le même plaisir à leur découverte que j’ai éprouvée à les lire alors. 40 ans après ma joie ne s’est en rien émoussée !

Je dédie tout particulièrement ces articles aux lecteurs de langue anglaise qui me font l’amitié de lire ce blog.

Voilà comme promis  le suspense est levé grace à ce  troisième billet d’Art Buchwald consacré à la conclusion de l’affaire du Watergate.

 

Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur Richard Nixon, qui n’était cette malencontreuse affaire, resterait considéré aujourd’hui  comme un président des États-Unis les plus brillants et les  plus révolutionnaires.

Richard Nixon dont qui rien de tout cela n’aurait été possible. Ni son concours, ni son texte et surtout sa voix. Les fichiers audio sont bien entendus libres de tous droits d’auteur !

Leo Keller

 art Buchwald

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commentaires

Une réponse

  1. J’aimerais qu’un éditeur réédite ses chroniques et y ajoute celles qui jusque klà n’ont pas été traduites.

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