Les vœux de Louis Aragon pour fêter la nouvelle année 2016

Mes vœux pour l’année 2016.

2015 s’en va. Non sur la pointe des pieds mais dans le fracas de la barbarie.
Le cœur brisé par la barbarie humaine qui a frappé de nouveau à nos portes.
La barbarie. J’ai envie de hurler quelle importance qu’elle tue à Paris ou ailleurs ! N’importe où ou ailleurs dans le monde.
Me vient à l’esprit cette superbe pensée d’Albert Camus dont chaque événement actuel nous fait ressentir son absence, sa noblesse d’esprit, sa générosité et son intelligence !
Il nous manque terriblement.
Camus donc !
« La liberté est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. J’étais libre et je ne cessais de penser à la Russie et à ses esclaves. » Camus in les justes

La France, et c’est heureux ainsi, est profondément voltairienne. J’en suis enchanté et je tiens à le rester. Je tiens à le rester tant sa tolérance iconoclaste reste harmonieuse, élégante et douce à mon esprit. Mais surtout j’aime sa pesée décapante !

« Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant. » In Voltaire Traité sur la tolérance chap. XXIII

«Vieille France accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau !
Vieil homme, recru d’épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance ! »
Charles de Gaulle

Je garde espoir en notre démocratie si vilipendée. Si vilipendée car si enviée !
Je vais vous faire un aveu : je garde espoir car tant que sortiront de nos rangs une femme telle que la chancelière Angela Merkel, alors la démocratie triomphera toujours. Certes j’ai beau chercher, il n’y a qu’une Angela Merkel aujourd’hui.
J’ai donc particulièrement envie de lui souhaiter une bonne année et de la remercier pour son courage.

Qui mieux qu’Aragon pouvait chanter la vie ?
Voici donc un de ses plus beaux poèmes.
Et parce que la vie est un théâtre somptueux, j’ai ajouté à ses vœux trois dessins qui, je l’espère, vous plairont.

En cette fin d’année le champagne pétille en sa si belle couleur. Un amoureux du champagne a dit lors de son 75e anniversaire le 30 novembre 1949 : « I am ready to meet my Maker, but whether my Maker is prepared for the ordeal of meeting me is another matter ! Je suis prêt à rencontrer mon Créateur, mais mon Créateur est-il prêt à me rencontrer, ceci est une autre histoire. »
La vie est belle, ne la compliquez pas et faites comme Winston Churchill : « I am easily satisfied with the best. Je me contente facilement de ce qu’il y a de mieux. »

En vous remerciant de votre patience toujours renouvelée, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse année.

Leo keller
31/12/2015
Louis Aragon C’est une chose étrange à la fin que le monde
C’est une chose étrange à la fin que le monde Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit Ces moments de bonheur ces midis d’incendie La nuit immense et noire aux déchirures blondes  

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit D’autres viennent Ils ont le cœur que j’ai moi-même Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime Et rêver dans le soir où s’éteignent les voix Il y aura toujours un couple frémissant Pour qui ce matin-là sera l’aube première Il y aura toujours l’eau le vent la lumière Rien ne passe après tout si ce n’est le passant C’est une chose au fond que je ne puis comprendre Cette peur de mourir que les gens ont chez eux Comme si ce n’était pas assez merveilleux Que le ciel un moment nous ait paru si tendre…  Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

 

Louis Aragon

In Les yeux et la mémoire (1954), chant II: Que la vie en vaut la peine

au temps des cavernes 1la justice modernele temps qui passe
 Angela_Merkel_(2008)

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